Au PS, seul Robert Badinter dit comprendre le choix de François Fillon de se rendre en Égypte. Les autres leaders de la gauche s'indignent. L'UMP défend le premier ministre.
Jouant l'ironie, Europe Ecologie-Les Verts s'est demandé «combien de ministres» avaient «utilisé les services d''Air Dictature' pour leurs vacances au soleil». Dans un communiqué, Jean-Louis Roumégas, porte-parole d'EELV, dit désormais mieux «comprendre pourquoi le gouvernement tarde à dénoncer les dérives de ses membres, car le premier d'entre eux est concerné». «Le système de Sarkozy a effacé les limites entre le pouvoir et l'argent, poursuit-il. Aujourd'hui, un ministre ne trouve rien d'anormal dans le fait de prendre l'avion d'un oligarque ou de se faire payer des vacances par un dictateur. Et c'est ça le plus grave».
Même idée au Parti communiste français, qui a intitulé son communiqué «Après ‘Air Ben Ali', voici ‘Air Moubarak'». Le porte-parole du parti Olivier Dartigolles déclare «mieux» comprendre «l'enthousiasme de François Fillon à voler au secours (...) de sa ministre des Affaires étrangères» Michèle Alliot-Marie sur ses vacances tunisiennes.
Le numéro un de la CGT, Bernard Thibault, a estimé qu'il revenait à François Fillon d'«expliquer en quoi c'était opportun, pour un premier ministre en général, de pouvoir partir en vacances auprès d'un régime très contesté dans la rue quelques jours après ».
De l'autre côté de l'échiquier politique, le député Nicolas Dupont-Aignan, (Debout la République), ex-UMP, a estimé que «la complaisance avec des régimes oligarchiques et criminels, les conflits d'intérêts permanents, sont en train de laminer les institutions».
Une voix discordante s'est toutefois élevée à gauche, en la personne du sénateur PS Robert Badinter. L'ancien Garde des Sceaux de François Mitterrand a déclaré que le prêt d'un avion du président Moubarak ne «l'émeuvait pas», et rappelé que «la galaxie de la vie politique française» avait été reçue par le roi du Maroc Hassan II. Accepter l'invitation de Moubarak «est un choix politique» a souligné Robert Badinter. «Chacun sait que les Egyptiens sont extrêmement hospitaliers et se formalisent aisément si on refuse leurs invitations».
Le clan UMP n'a pas manqué de prendre la défense du chef de gouvernement. Pour le patron des députés UMP Christian Jacob, «il n'y a rien de choquant». François Fillon était en Egypte «à la fois en vacances et à la fois comme premier ministre», a-t-il déclaré. «Les règles d'hospitalité, c'est quelque chose qui existe. Quand on reçoit un chef d'Etat ou un chef de gouvernement étranger, le fait de le prendre en charge, c'est quelque chose qui se fait, traditionnellement».
Son prédécesseur et désormais patron de l'UMP Jean-François Copé a de son côté apporté son «soutien total» au chef du gouvernement et fait part de son «indignation» devant la polémique naissante. «Le premier ministre n'est évidemment pas un citoyen comme les autres», a souligné le député-maire de Meaux. «Y compris quand il est en vacances, il reste le chef du gouvernement. A ce titre, pour des raisons de protocole et de sécurité il aurait été impensable que François Fillon ne (fût) pas en relations avec les autorités égyptiennes lorsqu'il s'est rendu en Egypte».
La ministre des Sports, Chantal Jouanno, a appelé quant à elle à cesser «la politique de caniveau». «Le premier ministre a été totalement transparent. Il a donné dès aujourd'hui toutes les conditions de ce fameux voyage», a-t-elle souligné.
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