TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 9 février 2011

Le bébé... et l’eau du bain


Bébé-médicament. Quel nom repoussant ! Le nourrisson qui a été mis au monde à l’hôpital Béclère-Necker est un petit garçon comme les autres : ce n’est pas l’un de ses organes qui est destiné à sauver sa grande sœur, mais le sang du cordon ombilical. Pas de quoi crier au loup ! Certes, l’embryon a été sélectionné pour sa compatibilité. Mais toutes les fécondations in vitro passent par une sélection. Faut-il se priver des armes de la science quand on peut, à la fois, aider un couple à avoir un enfant et lui permettre de soigner sa première fille ?


Une fois de plus, on constate que ce n’est pas la science qui doit faire peur, mais le comportement des hommes. Affubler ce petit garçon de l’appellation « bébé médicament » le réduit à une marchandise ou à un outil médical. Il ne pourra s’empêcher de se demander, sa vie durant, s’il a été conçu pour lui-même ou pour sauver sa sœur.


L’émoi des catholiques, exprimé hier par le cardinal André Vingt-Trois, est compréhensible. Attention, cependant, à ne pas tirer de conclusions excessives qui reviendraient – comme le fait le prélat – à jeter le bébé avec l’eau du bain. S’opposer à la marchandisation de l’être humain ne suppose pas d’interdire la recherche médicale dans des domaines encore mal explorés. La fécondation in vitro a rendu des familles heureuses. Les cellules souches embryonnaires promettent de révolutionner la médecine du XXI e siècle.


Au Moyen Âge, l’Église interdisait les dissections, et la médecine de « l’Occident chrétien » avait pris un retard considérable sur les médecines chinoise et arabe. Où en serions-nous aujourd’hui si des savants n’avaient pas outrepassé les limites fixées par une morale religieuse omnipotente, qui présentait les maladies comme une « punition de Dieu »?


Le toilettage de la loi Bioéthique, qui a débuté hier à l’Assemblée nationale, n’est pas très éloigné de cette thématique : faut-il transgresser ou non les tabous scientifiques ? Le texte proposé au vote des parlementaires est très frileux. Il risque de faire prendre un retard non négligeable à la médecine française. Ce qui n’empêchera pas la marchandisation, bien au contraire : avec la mondialisation, les plus riches pourront toujours profiter des progrès de la science. En Asie ou en Amérique.

0 commentaires: