La coopération spatiale franco-américaine a franchi un cap avec la signature, mardi, d'un accord sur la surveillance des débris spatiaux, à l'occasion du premier déplacement à Washington d'Alain Juppé depuis sa prise de fonction comme ministre de la défense, en novembre.
Washington conclut très peu d'accords de ce type avec des partenaires dans le domaine spatial. A ce stade, en effet seule l'Australie en a signé un. "Nous concluons quelques accords avec des alliés essentiels avec lesquels nous voulons coopérer étroitement dans le domaine spatial", a confié un haut responsable américain de la défense. Un accord de ce type est en cours de négociation avec le Canada, a-t-il précisé.
Pour l'armée américaine, comme pour celles des pays les plus avancés sur le plan technologique, les satellites sont considérés comme une ressource stratégique : sans satellite, pas de communications, pas d'imagerie pour surveiller un pays à risque, pas de possibilité d'utiliser la localisation par GPS.
22 000 DÉBRIS SPATIAUX SOUS SURVEILLANCE
Mais le nombre de débris spatiaux n'a cessé de grimper depuis le lancement de Spoutnik, en 1957. Le Centre national d'études spatiales (CNES) estime à 200 000 le nombre d'objets en orbite dont la taille est comprise entre 1 et 10 centimètres, et 13 000 de plus de 10 centimètres. Le Pentagone, de son côté, surveille en permanence la trajectoire de 22 000 débris spatiaux.
Cet accord, en partageant les données sur les trajectoires des différents débris, permet de "minimiser" les risques de collision orbitale et "d'améliorer la sécurité" dans l'espace, a fait valoir le secrétaire américain à la défense au cours d'une conférence de presse commune avec Alain Juppé.
De fait, le document d'une page que l'AFP a consulté reste assez vague : il s'agit d'un "partenariat pour le profit mutuel de la sécurité nationale de nos deux pays et la préservation de l'accès et de l'utilisation de l'espace à des fins pacifiques", affirment les deux pays, qui envisagent de développer des systèmes de surveillance conjoints. Pour la France, principale puissance spatiale européenne, cet accord est le signe du "haut niveau de confiance" entre les deux pays, a estimé M. Juppé.
L'accord s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle stratégie de sécurité spatiale dévoilée par le Pentagone la semaine passée, qui prévoit le développement de coopérations internationales notamment pour dissuader d'éventuelles menaces contre les satellites américains et alliés.
UNE RÉPONSE COMMUNE AUX MENACES SUR LES ACTIVITÉS SPATIALES
La destruction par la Chine d'un vieux satellite à l'aide d'un missile antisatellite en janvier 2007 a marqué les esprits : outre le fait de lâcher dans l'espace des dizaines de milliers de débris supplémentaires, cet essai chinois a montré le risque d'une militarisation croissante de l'espace. Il a révélé aussi le besoin des alliés de se coordonner pour apporter une réponse commune à l'émergence des différentes menaces pour les activités spatiales.
Au cours de leurs discussions, qui ont duré près de quarante-cinq minutes, Alain Juppé et Robert Gates se sont également entretenus de la situation en Egypte, en Tunisie, du conflit en Afghanistan et de la réforme de l'OTAN.
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