La contestation contre le président égyptien Hosni Moubarak est encore montée d'un cran, mardi 8 février, avec de nouvelles manifestations, qui ont réuni des centaines de milliers de personnes au Caire et en province. Il s'agit des manifestations les plus importantes depuis le début du mouvement, le 25 janvier.
D'après des photographes de l'AFP présents place Tahrir, le nombre de manifestants a dépassé celui des rassemblements précédents. Des milliers de personnes étaient également présentes devant le siège du Parlement. Selon des témoins à Alexandrie, il en était de même dans la grande ville du nord du pays. Des dizaines de milliers de manifestants ont aussi défilé dans les villes de Minya, Sohag et Assiout.
"Aucune de nos demandes n'a été entendue", a expliqué Mohammad Nizar, un manifestant cité par l'AFP. "Ils ont annoncé une augmentation des salaires. Ils essaient de nous leurrer. C'est un pot-de-vin politique pour réduire le peuple au silence", dit-il, ajoutant que le "peuple ne faisait pas confiance au gouvernement" formé la semaine dernière.
Lundi, les autorités ont promis une hausse de 15 % des salaires des fonctionnaires et des retraites à partir du 1er avril. Elles ont aussi demandé la formation d'une commission d'enquête sur les violences du 2 février place Tahrir, où des affrontements meurtriers ont opposé partisans du régime et opposants à M. Moubarak. Mais les mesures politiques — y compris l'annonce le 1er février du président qu'il s'effacerait à la fin de son cinquième mandat, en septembre — n'ont pas apaisé la colère des manifestants.
Mardi, le vice-président, Omar Souleiman, a assuré que "le président Moubarak est en faveur d'une véritable passation du pouvoir, il n'a aucun problème avec ça", lors d'une rencontre avec la presse gouvernementale. "Mais, a-t-il ajouté, il s'agit de penser à l'avenir de l'Egypte, et à celui qui va mener (le pays) à l'avenir, non pas à sa personne, mais à ses qualifications et ses orientations" politiques, un message qui semble viser les jeunes et les Frères musulmans. Le vice-président a également rejeté les "ingérences étrangères" dans les affaires de l'Egypte, sans nommer un pays en particulier, soulignant qu'elles étaient "plutôt une invitation à davantage de chaos".
Deux cent quatre-vingt-dix-sept personnes au moins ont été tuées depuis le 25 janvier, selon l'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch, qui estime toutefois que le bilan réel est probablement beaucoup plus élevé. L'ONG basée aux Etats-Unis a pu confirmer 232 morts au Caire, 52 à Alexandrie et 13 à Suez. La grande majorité des victimes ont trouvé la mort les 28 et 29 janvier, touchées par des balles réelles, lors de heurts entre police antiémeutes et manifestants.
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