TOUT EST DIT

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vendredi 4 février 2011

Yoplait peut-il être chinois ?

Al'heure où s'ouvre le bal des prétendants intéressés par Yoplait, il serait tentant d'en appeler au patriotisme économique du fonds PAI en exigeant que l'ex-bras armé de BNP Paribas dans le « private equity » cède sa part du capital de ce prince du yaourt à un acteur français. Adosser « la petite fleur » à la Vache Qui Rit de Bel ou au camembert Président de Lactalis permettrait théoriquement de créer, derrière Danone, un deuxième acteur tricolore de poids sur le marché du lait fermenté.

Mais le yoghourt est-il à ce point stratégique ? La France a-t-elle besoin de deux champions d'envergure internationale dans ce domaine ? Les pouvoirs publics doivent-ils faire pression sur le vendeur et l'inciter à ne pas vendre au plus offrant si le passeport de ce dernier n'est pas français ?

Yoplait est certes une entreprise très respectable. Mais ce producteur qui pèse deux fois moins que Danone dans le yaourt n'est pas un actif vital pour l'Hexagone. Qu'il reste français serait sans doute une bonne chose. Qu'il ne le soit plus n'en serait pas forcément une mauvaise. Mais pourrait-on aller jusqu'à imaginer qu'il devienne chinois ?

Vouloir à tout prix et par principe que son prochain actionnaire de référence soit français pourrait paradoxalement être contre-productif. Car ce n'est pas en France que Yoplait a besoin d'être plus fort. Ce n'est pas aux Français qu'il faut faire manger plus de yaourts, mais aux Chinois ou aux Sud-Américains. Et quoi de plus utile pour partir à l'assaut d'un marché comme la Chine que de pouvoir s'adosser à un partenaire y disposant d'une expertise domestique. Yoplait et les salariés français qui y travaillent resteront de toutes les façons sans doute pendant encore longtemps les experts de cette activité. Et sur le marché français, le risque de voir demain un propriétaire chinois ou mexicain imposer que les Yoplait soient fabriqués à l'étranger ou « made in France » à base de lait en poudre chinois est nul. Dans l'ultrafrais, l'industriel s'approvisionne auprès de fournisseurs locaux. Pas à l'autre bout de la planète.

Evidemment, pour le gouvernement, il sera plus difficile de faire pression en cas de tensions sur les prix du lait sur un actionnaire chinois que sur un français. Mais on ne bâtit pas une politique industrielle sur de tels raisonnements.

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