vendredi 4 février 2011
Le sentiment d’injustice des magistrats
L’indécente absence de suivi du présumé « monstre » de Pornic et l’indicible horreur du meurtre de Laëtitia demandent certainement d’autres conclusions que la fatalité. Mais à qui la faute ? A la négligence des magistrats ou à l’indigence de leurs conditions de travail ?
Sans attendre les explications, le Président promet des « sanctions » aux magistrats. Ils ne sont certes pas au-dessus des lois : l’impunité accordée aux juges de l’affaire Outreau qui ont envoyé des innocents en prison reste incompréhensible pour l’opinion. Mais s’il apparaît que les « dysfonctionnements » découlent d’un manque de moyens et non d’erreurs professionnelles, le chef de l’Etat sanctionnera-t-il les ministres de la Justice, de l’Intérieur et des Finances qui ont refusé les crédits et les personnels aux tribunaux de Loire-Atlantique ? Pilier de la démocratie, la séparation des pouvoirs implique l’indépendance de la justice. Principes bafoués par Ben Ali et Moubarak qui concevaient la justice comme instrument de leur pouvoir et envoyaient les juges réfractaires en exil ou en prison.
En plus de l’exemplarité envers les peuples qui aspirent à la démocratie en tant que garants de cette séparation, nos dirigeants ont un devoir de réserve sur les jugements rendus et une obligation de moyens pour garantir l’application de la loi. Les fermetures de tribunaux, les critiques publiques des ministres, les jurés populaires appelés à rendre une justice plus proche du peuple à leur place, les procureurs nommés à la place des juges d’instruction qui, s’intéressent de trop près aux affaires politico-financières érodent la confiance des magistrats. Ils n’expriment rien d’autre que leur sentiment d’injustice.
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