TOUT EST DIT

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vendredi 4 février 2011

La prochaine hausse des taux : une question épineuse pour la BCE

C'est devenu l'exercice préféré de la communauté des analystes : déterminer quand interviendra la première hausse du taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE). Jeudi 3 février, au terme de la réunion mensuelle du Conseil des gouverneurs, il a été sans surprise maintenu à 1%, son plus bas niveau historique, pour le 22e mois consécutif. Mais les marchés ne se font guère d'illusion : l'institution de Francfort va finir par mettre un terme à sa politique d'argent à bon marché. Et sans doute plus tôt qu'on ne l'avait d'abord escompté.
Les signaux en ce sens se multiplient. L'inflation d'abord : en janvier, elle a atteint 2,4% en zone euro, dépassant pour la deuxième fois le seuil "limite" de 2% fixé par l'autorité monétaire. Dopée par l'envolée des cours des matières premières –le baril de brut dépasse désormais les 100 dollars- la hausse des prix devrait encore un peu s'accélérer.
L'activité ensuite : si la croissance reste molle en moyenne sur le Vieux continent, certains pays sont désormais bien engagés sur la voie de la reprise. L'Allemagne, en tête, connaît une formidable embellie, une décrue continue du chômage, une remontée des salaires.
Enfin, le discours du patron de la BCE, Jean-Claude Trichet, s'est durci ces dernières semaines. "Nous demeurons vigilants", a-t-il répété jeudi, à propos des pressions inflationnistes. "Il y a toujours des risques d'effets de second tour, qui seraient contre-productifs", a-t-il précisé. Ces "effets de second tour" désignent la façon dont la hausse des prix est répercutée par les industriels et sur les salaires.
UNE SITUATION ÉCONOMIQUE HÉTÉROGÈNE
L'augmentation du taux directeur permet de jouer sur la distribution de crédits et de réguler l'activité économique. Elle est la principale arme des banquiers centraux pour lutter contre l'inflation. Alors, à quand un relèvement du loyer de l'argent ? Pour les analystes de la Deutsche Bank, il faut s'y préparer dès le mois de juin. L'économiste de la RBS, Jacques Cailloux, vise plutôt septembre. L'équipe de recherche de Natixis a elle un pronostic tout autre et n'envisage pas de tour vis avant…2013 !
Une telle diversité de prévisions reflète le choix épineux qui se pose à la BCE. Réputée orthodoxe, elle est censée tout mettre en oeuvre pour éviter un dérapage de l'inflation. Reste que la situation économique en zone euro est très hétérogène. Adapté au dynamisme retrouvé de l'Allemagne, un resserrement monétaire risquerait à l'inverse de compliquer la sortie de crise des fameux pays dits "périphériques" de la zone.
Contraints de réduire leurs déficits à marche forcée, la Grèce, l'Irlande ou le Portugal manquent cruellement de relais de croissance. Et l'apaisement de la situation sur les marchés reste précaire.
Pour l'instant, la BCE en est réduite à observer à la loupe l'évolution des cours des matières premières. Selon M. Trichet jeudi, "l'inflation va probablement rester au-dessus de 2% la plus grande partie de 2011, avant de redescendre vers la fin de l'année."

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