Ces dernières années, plus d’une affaire a suscité, en France, des tensions et des polémiques entre policiers et magistrats, par syndicats interposés. Les exemples n’ont pas manqué où les premiers accusaient les autres de laxisme, les seconds dénonçant en retour des abus des premiers. Dans la tragédie de la jeune Laëtitia, Nicolas Sarkozy a réussi à faire l’union de la police et de la justice, mais contre lui, qui est pourtant une autorité tutélaire dans le domaine judiciaire, en sa qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature. À ce titre, il ne paraît pas incongru que le premier magistrat de la République s’inquiète du fonctionnement des institutions républicaines qui ont pour missions respectives d’assurer la sécurité publique et de dire le droit. Évoquer des sanctions, dans l’hypothèse de dysfonctionnements avérés et offensant la loi, n’est pas franchement scandaleux non plus. Aux yeux de l’opinion publique, les récidives, parfois meurtrières, de criminels dûment condamnés, mais qui ne cessent de cumuler les remises de peines, revêtent un autre degré de gravité que les vacances de Mme Alliot-Marie. Le chef de l’État surfe précisément sur cette exaspération des citoyens, quand il réédite le discours de l’inflexibilité et de la punition. On ne fera pas l’injure au chef de l’État de supposer que sa démarche soit d’abord inspirée par le souci de rehausser sa cote de popularité, dans le souvenir des bons sondages qui mesuraient l’approbation populaire à sa politique de sécurité, après le fameux discours de Grenoble. Mais l’opposition le pense sans ambages. Il est même possible que les propos de M. Sarkozy soient politiquement payants - du moins pour un temps - auprès d’un public légitimement bouleversé par la mort brutale de Laëtitia Perrais. Mais sont-ils à la hauteur de la fonction présidentielle et des exigences de la lutte contre l’insécurité et la violence ? Sont-ils cohérents avec toutes les politiques de l’État, auquel les acteurs de la justice et de la sécurité reprochent de rogner leurs moyens ? Magistrats et policiers ne sont pas quittes de répondre de leurs actes, mais ils ont moins besoin d’un Père Fouettard que de sérénité, de cohésion et d’une logique législative qui ne transforme pas en scandale l’application de lois votées par les politiques.
vendredi 4 février 2011
Le Père Fouettard
Ces dernières années, plus d’une affaire a suscité, en France, des tensions et des polémiques entre policiers et magistrats, par syndicats interposés. Les exemples n’ont pas manqué où les premiers accusaient les autres de laxisme, les seconds dénonçant en retour des abus des premiers. Dans la tragédie de la jeune Laëtitia, Nicolas Sarkozy a réussi à faire l’union de la police et de la justice, mais contre lui, qui est pourtant une autorité tutélaire dans le domaine judiciaire, en sa qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature. À ce titre, il ne paraît pas incongru que le premier magistrat de la République s’inquiète du fonctionnement des institutions républicaines qui ont pour missions respectives d’assurer la sécurité publique et de dire le droit. Évoquer des sanctions, dans l’hypothèse de dysfonctionnements avérés et offensant la loi, n’est pas franchement scandaleux non plus. Aux yeux de l’opinion publique, les récidives, parfois meurtrières, de criminels dûment condamnés, mais qui ne cessent de cumuler les remises de peines, revêtent un autre degré de gravité que les vacances de Mme Alliot-Marie. Le chef de l’État surfe précisément sur cette exaspération des citoyens, quand il réédite le discours de l’inflexibilité et de la punition. On ne fera pas l’injure au chef de l’État de supposer que sa démarche soit d’abord inspirée par le souci de rehausser sa cote de popularité, dans le souvenir des bons sondages qui mesuraient l’approbation populaire à sa politique de sécurité, après le fameux discours de Grenoble. Mais l’opposition le pense sans ambages. Il est même possible que les propos de M. Sarkozy soient politiquement payants - du moins pour un temps - auprès d’un public légitimement bouleversé par la mort brutale de Laëtitia Perrais. Mais sont-ils à la hauteur de la fonction présidentielle et des exigences de la lutte contre l’insécurité et la violence ? Sont-ils cohérents avec toutes les politiques de l’État, auquel les acteurs de la justice et de la sécurité reprochent de rogner leurs moyens ? Magistrats et policiers ne sont pas quittes de répondre de leurs actes, mais ils ont moins besoin d’un Père Fouettard que de sérénité, de cohésion et d’une logique législative qui ne transforme pas en scandale l’application de lois votées par les politiques.
Ces dernières années, plus d’une affaire a suscité, en France, des tensions et des polémiques entre policiers et magistrats, par syndicats interposés. Les exemples n’ont pas manqué où les premiers accusaient les autres de laxisme, les seconds dénonçant en retour des abus des premiers. Dans la tragédie de la jeune Laëtitia, Nicolas Sarkozy a réussi à faire l’union de la police et de la justice, mais contre lui, qui est pourtant une autorité tutélaire dans le domaine judiciaire, en sa qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature. À ce titre, il ne paraît pas incongru que le premier magistrat de la République s’inquiète du fonctionnement des institutions républicaines qui ont pour missions respectives d’assurer la sécurité publique et de dire le droit. Évoquer des sanctions, dans l’hypothèse de dysfonctionnements avérés et offensant la loi, n’est pas franchement scandaleux non plus. Aux yeux de l’opinion publique, les récidives, parfois meurtrières, de criminels dûment condamnés, mais qui ne cessent de cumuler les remises de peines, revêtent un autre degré de gravité que les vacances de Mme Alliot-Marie. Le chef de l’État surfe précisément sur cette exaspération des citoyens, quand il réédite le discours de l’inflexibilité et de la punition. On ne fera pas l’injure au chef de l’État de supposer que sa démarche soit d’abord inspirée par le souci de rehausser sa cote de popularité, dans le souvenir des bons sondages qui mesuraient l’approbation populaire à sa politique de sécurité, après le fameux discours de Grenoble. Mais l’opposition le pense sans ambages. Il est même possible que les propos de M. Sarkozy soient politiquement payants - du moins pour un temps - auprès d’un public légitimement bouleversé par la mort brutale de Laëtitia Perrais. Mais sont-ils à la hauteur de la fonction présidentielle et des exigences de la lutte contre l’insécurité et la violence ? Sont-ils cohérents avec toutes les politiques de l’État, auquel les acteurs de la justice et de la sécurité reprochent de rogner leurs moyens ? Magistrats et policiers ne sont pas quittes de répondre de leurs actes, mais ils ont moins besoin d’un Père Fouettard que de sérénité, de cohésion et d’une logique législative qui ne transforme pas en scandale l’application de lois votées par les politiques.
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