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lundi 22 novembre 2010

L'euro grimpe après l'annonce du soutien à l'Irlande

La monnaie européenne progresse ce lundi sur les marchés des changes après l'annonce du plan d'aide à l'Irlande. L'Union européenne et le Fonds monétaire international ont accepté dimanche soir de verser jusqu'à 90 milliards d'euros. De son côté, l'Irlande a officiellement demandé un soutien financier.
L'annonce d'un plan de soutien à l'Irlande a fait grimper l'euro ce lundi sur les marchés des changes. Fragilisée pendant des semaines par la crise des finances publiques et du secteur bancaire en Irlande, la monnaie unique européenne s'est ressaisie lundi. Elle s'échangeait à environ 1,3745 dollar à 3h15 GMT contre 1,3683 dollar vendredi soir à New York.

Les investisseurs attendent désormais la réaction des marchés européens avant de décider ou non de prolonger la hausse de l'euro. L'Union européenne et le Fonds monétaire international ont accepté dimanche soir de fournir un soutien financier à l'Irlande sous la forme de prêts.

L'Irlande a officiellement demandé dimanche une aide financière internationale pour faire face à sa crise bancaire et budgétaire, ce qui constituera le deuxième renflouement d'un pays de la zone euro en un an, après celui de la Grèce en mai dernier.

"Les autorités européennes ont accédé à notre demande", a déclaré dans la soirée le Premier ministre irlandais, Brian Cowen. "J'espère que l'accord sera finalisé prochainement, dans les semaines à venir".

Le montant de l'aide financière qui sera débloqué par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) devra être négocié, mais il est vraisemblable qu'il sera inférieur à celui du plan de renflouement de la Grèce en mai.

"Je dirais que nous parlons d'une somme comprise entre 80 et 90 milliards d'euros", a-t-on déclaré de source européenne haut placée, à Bruxelles, en ajoutant que cette somme comprendrait des fonds destinés à soutenir le secteur bancaire irlandais.

Des experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI devront boucler d'ici la fin novembre un plan de prêts à l'Irlande, qui sera échelonné sur trois ans, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.

"Accorder une aide à l'Irlande est justifié par le besoin de préserver la stabilité financière de l'Europe", a dit Rehn à Reuters. "Le plan en préparation devra répondre de façon décisive aux défis budgétaires de l'économie irlandaise et aux besoins potentiels en capitaux à l'avenir dans le secteur bancaire", a-t-il ajouté.

La Banque centrale européenne, qui a favorablement accueilli la demande irlandaise, a fait savoir que l'aide financière serait assortie de conditions strictes.

Les dirigeants européens craignent que les problèmes de l'Irlande ne se propagent à d'autres membres de la zone euro ayant un déficit budgétaire important, comme l'Espagne ou le Portugal, menaçant l'UE d'une crise systémique.

Contagion ou pas contagion ?

Mais à Berlin, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a minimisé le risque d'une contagion à d'autres membres affaiblis de la zone euro. "Si nous apportons maintenant la bonne réponse au problème irlandais, nous aurons de grandes chances d'éviter des effets de contagion", a-t-il dit à la chaîne allemande ZDF.

Certains, comme l'économiste portugais Filipe Garcia, de la société de consultants Informaçao de Mercados Financeiros, ne sont pas du même avis: "Je pense que cela veut dire (le plan d'aide) que le Portugal sera le prochain (à demander une aide). J'ignore si cela se produira avant la fin de l'année ou après, mais c'est presque inévitable, maintenant".

En mai dernier, l'UE et le FMI ont mis en oeuvre un plan d'un montant de 110 milliards d'euros, le premier du genre dans la zone euro, pour éviter à la Grèce une faillite. En échange, Athènes s'est engagé à mettre en oeuvre des mesures d'austérité draconiennes, qui ont provoqué d'importantes manifestations.

Brian Cowen a indiqué dimanche soir que le gouvernement irlandais allait annoncer désormais un plan d'austérité sur quatre ans, qui visera à réduire le déficit budgétaire de 15 milliards d'euros d'ici 2014.

"La prochaine étape dans le processus sera la publication du plan de quatre ans du gouvernement (irlandais) pour résoudre les problèmes des finances publiques", a poursuivi Cowen.

"Le plan sur quatre ans permettra une réduction du déficit budgétaire de l'ordre de 15 milliards d'euros d'ici 2014", a-t-il continué. L'objectif assigné à l'Irlande est de ramener son déficit budgétaire à 3% du PIB en 2014.

Selon des médias irlandais, les mesures d'austérité devraient comprendre une nouvelle taxe foncière, une réduction du salaire minimum, des allocations familiales et des indemnités aux demandeurs d'emploi. Certaines exonérations fiscales dont bénéficient les hauts revenus pourraient également être supprimées.

Cowen sur la sellette

Les ministres des finances de l'UE ont accueilli favorablement la demande d'aide irlandaise, tout comme le FMI dont le directeur général, Dominique Strauss-Kahn, a indiqué que les experts du FMI d'ores et déjà présents en Irlande allaient entamer "sans attendre" des discussions avec les autorités du pays.

Les ministres des Finances de l'UE ont indiqué pour leur part que le plan d'aide à l'Irlande devrait être financé via le mécanisme européen de stabilité financière et le Fonds européen de stabilité financière (FESF), et qu'il pourrait être renforcé par des prêts bilatéraux négociés par les Etats membres de l'UE. La Grande-Bretagne et la Suède ont indiqué qu'elles étaient disposées à envisager un prêt bilatéral avec Dublin.

La BBC a rapporté dimanche soir que la Grande-Bretagne fournirait une aide de 8,15 milliards d'euros, au titre de l'assistance à "un ami dans le besoin".

L'officialisation de la demande d'aide irlandaise est intervenue dans un contexte de crispation alors que de plus en plus de voix souhaitent que la gestion de la crise change de mains à Dublin.

Les critiques ne viennent désormais plus seulement de l'opposition et l'unité du parti du Premier ministre Brian Cowen, le Fianna Fail, se lézarde tandis que la presse relaye l'inquiétude grandissante des irlandais.

"Vous avez menti, vous nous avez laissé tomber. Pour le salut de l'Irlande, partez maintenant", réclame le Sunday Independant en une.

Le mécontentement populaire s'est accentué au cours de la semaine dernière, l'opinion publique reprochant au gouvernement sa communication sur la question de la crise. A plusieurs reprises, le gouvernement a assuré qu'il n'y avait aucune négociation alors que des discussions informelles se déroulaient.

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