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lundi 22 novembre 2010

Karachi: les démons de la droite

 Karachi: les démons de la droite

Le réveil des vieilles haines politiques, à dix-huit mois de la présidentielle, fait courir un risque mortifère à la droite

« Intime conviction », dit l'ancien ministre de la Défense Charles Million à propos des supposées rétrocommissions sur certains marchés d'armement passés en 1994. « Aucune preuve », rétorque l'actuel ministre de la Défense, Alain Juppé. Que les familles des victimes de l'attentat de Karachi de mai 2002 veulent la vérité sur les causes de ce drame est normal. Quatre juges d'instruction s'attellent à cette enquête et pourront travailler sur tous les documents qui leurs seront communiqués « en temps et en heure », comme l'a promis samedi Nicolas Sarkozy.
Autre chose est le réveil des vieilles haines politiques qui, à dix-huit mois de la présidentielle font courir un risque mortifère à la droite. Règlement de compte à retardement entre les amis de Jacques Chirac et les fidèles d'Edouard Balladur ? Un paradoxe au moment où le remaniement vise à refermer la parenthèse de la fracture de 1995. Le retour d'Alain Juppé, la promotion de François Baroin et le maintien de Michèle Alliot-Marie sont autant de signes d'unité retrouvée de la famille gaulliste. Le maire de Bordeaux, qui a au moins autant de titres de chiraquisme à fournir que Dominique de Villepin, ne s'est pas trompé sur le danger de cette polémique : « je ne veux pas m'immiscer dans cette bagarre », a-t-il prévenu hier sur Canal plus.
Aucun observateur étranger au dossier n'a aujourd'hui les informations permettant de connaître l'exacte vérité ni sur les conditions des ventes de sous-marins au Pakistan ou de frégates à l'Arabie saoudite en 1994 ni sur le lien avec l'attentat de Karachi. La campagne de 1995 s'est déroulée en un temps où les fonds secrets à disposition de Matignon n'étaient pas supprimés. Premier ministre, Edouard Balladur avait-il besoin de recourir à des procédés plus risqués pour financer sa campagne ? Des attentats terroristes étaient « quotidiens » au Pakistan comme l'a rappelé hier le ministre de la Défense, ce qui doit rendre prudent sur le lien entre l'attentat de Karachi et l'arrêt, décidé par Jacques Chirac, du versement des commissions.
Sur un plan politique on assiste à une déflagration qu'aucun des acteurs ne saurait maitriser. L'altercation à distance entre Dominique de Villepin, affichant ses « très forts soupçons » et Nicolas Sarkozy, soulignant qu'il n'a été « que » porte-parole de la campagne de Balladur augure d'un « remake » de l'affaire Clearstream . En pire car des victimes bien réelles sont cette fois concernées. Les chiraquiens -Jacques Chirac lui-même ? -seront d'utiles casques bleus pour prévenir les démons suicidaires de la droite.

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