TOUT EST DIT

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lundi 22 novembre 2010

Livret A : les vases communicants


Le piège du Livret A va-t-il se refermer sur les banques ? Il y a près de deux ans maintenant, elles ont obtenu de haute lutte de pouvoir vendre dans leurs agences le placement préféré des Français, un privilège réservé jusqu'alors à trois d'entre elles (La Banque Postale, les Caisses d'Epargne et le Crédit Mutuel). Et le succès a été au rendez-vous. Mais elles risquent aujour-d'hui de payer cette conquête au prix fort. Le temps est en effet venu de trancher définitivement la question du taux de centralisation du Livret A, c'est-à-dire la part de la collecte que les banques doivent reverser à la Caisse des Dépôts et Consignations, fixée actuellement à 63 %. Réglé de manière temporaire en 2008, le sujet peut paraître technique. Il est pourtant primordial. A en croire les protagonistes, en fonction de l'endroit où sera placé le curseur - au minimum 70 %, demande la CDC, 50 % au maximum, réclament les banques -, ce sera soit la solidité du secteur bancaire qui en sera gravement affectée, soit le financement du logement social qui en pâtira.


A première vue, le combat est inégal. Que peuvent bien peser les arguments de quelques établissements de crédit prospères et à la popularité incertaine face à l'une des priorités nationales, le logement des Français ? Car les 160 milliards d'euros centralisés actuellement à la Caisse des Dépôts sont destinés au financement des organismes HLM. Que l'on réduise le taux, explique sur tous les tons le patron de la Caisse, et l'institution n'aura plus les moyens de remplir sa mission. La crise du logement s'aggravera encore. L'établissement public joue donc sur du velours. D'autant qu'il peut compter sur la bienveillance de l'Etat. Une part non négligeable des sommes centralisées est placée en obligations françaises…


Les pouvoirs publics auraient toutefois tort de se précipiter. D'abord, il y a de la marge avant que le financement du logement social soit en danger. La moitié seulement des fonds d'épargne y est investie. En clair, une baisse limitée du taux de centralisation n'aurait pas les effets dévastateurs redoutés. Mais, surtout, augmenter ce taux reviendrait à coup sûr à siphonner les dépôts du Crédit Agricole, de BNP Paribas, Société Générale et autres au profit de la CDC. L'essentiel des sommes déposées sur leurs Livrets A provient en effet de comptes déjà ouverts dans leurs agences. Après tous les efforts déployés depuis deux ans pour s'assurer que nos banques continuent à financer correctement l'économie, il y aurait quelque chose d'aberrant aujourd'hui à les « saigner ». Certes, les nouveaux réseaux distributeurs ont échoué à faire du Livret A une machine à conquérir des parts de marché. Ce n'est pas une raison pour leur appliquer une double peine dont le pays dans son ensemble subirait les effets.

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