TOUT EST DIT

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lundi 22 novembre 2010

Novembre noir

« Mizdu ». Les Bretons appellent comme ça « le mois noir ». Celui où l'obscurité prend l'ascendant sur la lumière. Le temps des brumes assassines, des vents déchaînés et de la tempête. Novembre. Il faut croire que le climat politique s'est mis à l'heure de cet épisode hivernal sombre, froid, et peuplé de soupçons rôdant comme des elfes et des korrigans sur les territoires désolés de notre république.
Nulle complaisance neurasthénique dans ce constat clinique. La presse, et les éditorialistes en particulier, ne sont pas saisis par les effets secondaires d'on ne sait quel pessimisme congénital. Il faut bien s'y résoudre : notre démocratie ne va pas fort. L'ignorer n'y changera rien. Pire : la politique de l'autruche ne fera qu'aggraver une situation déjà délétère.
Chaque jour, l'actualité apporte son petit lot de révélations et d'accusations. Après le procès Clearstream et l'affaire Woerth-Bettencourt à peine essoufflée, voici que surgit le scandale Karachi, qui a pris ce week-end une ampleur inquiétante. La France, sidérée, le découvre par bribes successives sans parvenir à distinguer où passe la frontière, floue, entre la corruption et les suppositions. Entre le réel et le fantasme.
Notre pays découvre, un peu surpris quand même, les turpitudes ordinaires de son statut de vendeur d'armes planétaire et les conditions de l'inévitable troc engins-de-mort contre emplois. Mais le dégât le plus insidieux, c'est l'opacité qui le cause. Secret défense contre transparence, démentis lénifiants contre exaspérations des familles de victimes : l'impression de dissimulation est ravageuse. Imprégnée de cette certitude que l'essentiel reste caché, elle entretient le doute malsain qui mine la relation entre le citoyen et le pouvoir. La coupure profonde entre ceux qui savaient et les autres. Entre ceux qui feignent de ne pas avoir su et ceux qui leur demandent des comptes sur les rétrocommissions. Entre un État qui s'auto-protège jusqu'au bout et la quête de la vérité.
Les déchirements entre Sarkozystes et Villepinistes noircissent un peu plus encore ce tableau écorché par les états d'âme des centristes, et noyé dans l'ombre des interrogations anxiogènes d'une UMP effarée : jusqu'où ce règlement de comptes peut-il aller désormais, à coup de ministres désignés à la vindicte ?
La gauche aurait-elle fait mieux que la droite ? Rien n'est moins sûr tant la raison d'État - un concept de plus en plus contesté - est bien commode pour couvrir, sous tous les régimes, des pratiques inavouables. Derrière ses rodomontades de circonstance, le PS ne semble guère à l'aise sur ce dossier, divisé comme jamais avec cette liste de candidatures aux primaires qui s'allonge, et s'allonge encore jusqu'à lui barrer l'horizon.

Vous avez dit Mizdu ?


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