mercredi 1 décembre 2010
Le dossier Areva au congélateur
Il n’y a pas que dans la rue que la température baisse. Le dossier de l’augmentation de capital d’Areva connaît lui aussi un sérieux coup de froid. Ce dossier approche même dangereusement du point de congélation. Cela fait pourtant des années que le leader français de la construction de centrales nucléaires Areva demande à augmenter son capital pour pouvoir suivre ses besoins en investissements. L’affaire devait être bouclé avant la fin de l’année avait promis l’Elysée qui exerce la tutelle de cette entreprise hautement stratégique. Mais ce week-end, la Présidence de la République aurait refusé à la fois l’entrée au capital du japonais Mitsubishi Heavy Industries et la demande de l’autre investisseur pressenti, l’émirat du Quatar, de mettre la main sur les mines d’Areva. Autrement dit, les deux principaux apporteurs de fonds ont de grandes chances de rester à la porte alors que l’opération devait ramener entre 1,5 et 3 milliards d’euros à Areva.
Ce dossier est constamment empoisonné par les querelles de pouvoir entre les différents acteurs français de la filière, qui se détestent cordialement. Ni EDF, ni Alstom ne veulent voir Mitsubishi entrer chez Areva. Tout simplement parce que c’est un fournisseur d’EDF, qui craint donc une réduction de la concurrence et c’est un concurrent direct d’Alstom. Dans le cas du Quatar, il apparaît maintenant que l’émirat n’est en fait intéressé que par les activités de mines d’uranium du français, jugées hautement stratégique par l’Etat.
Avec le redémarrage du nucléaire, l’enjeu international devient fort et oppose les trois acteurs français. Le client EDF, revendique sa vocation naturelle à conduire la filière à la fois en France et à l’étranger. De son coté, Alstom, qui aimerait bien devenir un constructeur de centrales nucléaires clés en main, comme ses concurrents General Electric ou Siemens rêve de racheter Areva. Et puis enfin Areva, qui est une entreprise jeune qui s’est constitué par la fusion de l’entité publique qui gérait le combustible nucléaire et les déchets, la Cogema, avec le constructeur français de chaudières nucléaires Framatome. Aux yeux des deux autres, il a commis le péché en s’alliant avec Siemens pour partir à la conquête des marchés internationaux et surtout s’affranchir de la tutelle d’EDF. Siemens est maintenant parti et les deux autres ne rêvent que de démanteler Areva. Au milieu, l’Etat, supposé arbitrer, ne sait pas sur quel pied danser et fait traîner les choses. Ce qui est tout de même dommage alors que la France possède des champions à tous les maillons de la filière (de la production à la distribution) et que la puissance publique a les leviers pour agir...
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