TOUT EST DIT

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mercredi 1 décembre 2010

L'Italie, troisième économie de la zone euro et prochaine cible des marchés ?

L'Italie sera-t-elle la prochaine cible de marchés financiers paniqués par les doutes pesant sur la solvabilité des économies européennes ? Il y a quelques semaines à peine, l'idée d'une mise en faillite de la Péninsule aurait fait sourire. Mais deux jours après l'adoption d'un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros pour sauver l'Irlande, ancienne économie modèle de la zone euro, les économistes sont nombreux à se prêter au jeu du "à qui le tour ?" Alors que l'éventualité d'un plan de sauvetage pour le Portugal se concrétise, tous les regards se tournent désormais vers l'Italie.
Depuis lundi 29 novembre, la Botte se retrouve prise dans la tourmente. Une mauvaise adjudication du Trésor italien, d'un montant total de 5,5 milliards d'euros, semble avoir déclenché un brutal retournement des marchés lundi en fin de matinée, annulant tous les gains engrangés à la suite de l'adoption par l'Irlande du plan de sauvetage européen. Les titres italiens ont en effet peiné à trouver preneur, malgré des perspectives de rendement élevées.
CROISSANCE ATONE
De fait, l'écart entre les taux des emprunts italiens à 10 ans et les taux allemands, qui servent de référence dans la zone euro, a atteint des records. A ce prix-là, il devient de plus en plus onéreux pour les acteurs économiques italiens de se refinancer sur les marchés. Or, si l'on en croit le montant de sa dette, représentant près de 120 % de son PIB (ce qui en fait l'une des plus lourdes du monde), l'Italie a bien besoin de trouver des sources de financement, ses recettes fiscales ne suffisant plus à couvrir ses dépenses.
"Le niveau de la dette n'est pas inquiétant à court terme, rassure toutefois Francesco Saraceno, économiste à l'OFCE. Car l'essentiel est détenu par des investisseurs italiens, de surcroît le gouvernement a pris des mesures très tôt pour contenir les déficits." Même si les écarts de taux sont importants entre l'Italie et l'Allemagne, "ces derniers restent très bas (4,5 - 5 %), et ne devraient pas remonter dans l'immédiat". De plus, le système bancaire italien, conservateur et peu spéculatif, a été moins touché que d'autres par la crise financière.
"L'ITALIE N'EST PAS ENTRÉE DANS LA MONDIALISATION"
Ce sont plutôt la situation politique et les faiblesses structurelles qui sont dans le collimateur des marchés. Sans être confrontée aux mêmes problèmes immobiliers et bancaires que la Grèce et l'Irlande, l'Italie pâtit toutefois d'une croissance atone. Selon les prévisions de l'OCDE, "l'Italie a entamé une reprise modérée, qui se renforcera quelque peu ces deux prochaines années". Les principales craintes de l'organisation portent sur le niveau élevé du chômage – 8,6 % en octobre, son plus haut depuis 2004 (qui reste toutefois inférieur au taux moyen de la zone euro) – et des déficits publics ; elle préconise pour accélérer la croissance de "mettre en place des mesures budgétaires structurelles" et de procéder à "des réformes au niveau de l'offre pour améliorer le potentiel à long terme de l'économie italienne".
"L'Italie n'est pas entrée dans la mondialisation, confirme Francesco Saraceno, le taux d'investissement public est ridicule et l'industrie est très fortement concurrencée par les pays émergents." Avant son entrée dans l'euro, l'Italie avait pour principe de protéger son industrie par des dévaluations compétitives, un mécanisme qui a disparu en même temps que la lire. En outre, l'instabilité politique, la corruption et le poids de la bureaucratie contribuent à accentuer la pression sur les marchés, poussant les taux italiens à la hausse.
L'Italie doit en effet composer avec une crise politique majeure, cristallisée autour de l'affrontement entre Silvio Berlusconi et le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, qui pourrait entraîner la chute du président du conseil à la suite d'un vote de confiance au Parlement le 14 décembre. L'incapacité du gouvernement à régler la crise des ordures à Naples ainsi que l'explosion de colère des étudiants italiens, descendus dans la rue mardi à Rome pour protester contre des coupes dans le budget de l'enseignement supérieur, témoignent de l'incurie d'une classe politique dépassée par les événements.

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