Dans un ménage à trois mieux vaut ne pas être le troisième. Cette adaptation d'une formule de Bismarck a sûrement titillé l'instinct de survie de Ségolène Royal. Après un week end de pagaille, l'annonce du pacte Aubry, censé calmer les militants inquiets de voir se rouvrir le bal des ego, a fait l'effet contraire. La candidate de 2007 a explosé le carcan dans lequel on cherchait à l'enfermer et reprit sa liberté pour briguer l'investiture socialiste. Et comme Ségolène Royal ne recule devant aucune audace, elle assure, qu'élue, elle proposerait le poste de Premier ministre à DSK, histoire de préserver un improbable ticket. Isolée depuis la présidentielle, elle se remet sur l'avant-scène et lance la course des primaires, faisant une fois encore passer au second plan le contenu du projet d'alternance socialiste.
Mais le scénario de 2007 et de l'attaque frontale du PS n'est plus jouable. « Démonétisée » par la défaite, Ségolène Royal n'incarne plus la nouveauté. Même si par stratégie elle s'est réintégrée dans le jeu depuis la Rochelle, elle aussi est assimilée aux joutes internes du PS. Pour sortir de la nasse, elle entre dans l'arène en espérant exister avant l'arrivée de DSK.
Pour ne pas être la tortue, elle prend, dans un précoce tempo, le rôle du lièvre sur lequel vont se concentrer tous les tirs. Elle s'oblige aussi à quitter le « moi-je » pour devenir une force de proposition, exercice dans lequel elle n'a pas l'aisance de François Hollande. Mais pour préserver son identité et éviter la perte de popularité, Ségolène Royal ne pouvait pas rester dans le lit du fleuve. Sa candidature n'aggrave pas forcément les querelles du PS. Par contre elle pose la question des primaires qui n'avaient de sens que si elles servaient à désigner le candidat au terme d'un grand vote populaire. Si elles ne sont que le ralliement des militants et des cadres du parti à une personnalité, elles n'ouvriront pas la voie à la modernisation espérée de la gauche.
L'erreur de la droite serait de se frotter les mains des troubles qui agitent la gauche. Les affres du PS pour choisir la tête de son affiche amusent la galerie et laissent croire à la majorité qu'elle peut encore gagner. Exacerbant ainsi les rivalités autrement plus violentes qui la traversent actuellement.
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