TOUT EST DIT

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mercredi 1 décembre 2010

Il y a le feu à la zone euro


Grèce, Irlande, Portugal, Espagne… Et maintenant, l’Italie. Il y a le feu à la zone euro. L’annonce, dimanche, d’une aide de 85 milliards à l’Irlande a eu pour seul effet de reporter la hausse des taux d’intérêts sur les pays qui ne « bénéficient » pas encore d’un plan de sauvetage. L’appétit des spéculateurs est sans limite. Et pourquoi se priveraient-ils ? Il s’agit, pour l’essentiel, de banques et de fonds de pension qui sont choyés par leurs gouvernements. Ceux-ci puisent chez les contribuables de quoi permettre à la machine de tourner… en rond : les États empruntent auprès des banques pour rembourser les emprunts… des États non solvables. Le système financier gagne à tous les coups. Les populations, elles, sont priées de passer à la caisse.


Avec Rome, la crise a franchi un palier. L’Italie – comme l’Espagne d’ailleurs — est trop grosse pour faire faillite. Le fonds européen de soutien ne serait qu’une aimable plaisanterie s’il devait subvenir aux besoins d’un pays de 60 millions d’habitants. Et ce ne serait pas fini. Si l’Italie, qui est durement attaquée depuis deux jours, succombait, la France serait propulsée en première ligne et serait à son tour dans le collimateur des usuriers. L’endettement de Paris est moindre, mais son déficit budgétaire est encore plus élevé que celui de Rome. Entendre François Baroin assurer que nous ne courons « aucun risque » pourrait prêter à sourire si ce n’était pas plus angoissant que rassurant. Le seul fait que le ministre du Budget se sente obligé d’apaiser les inquiétudes montre que celles-ci sont réelles. Ses propos lénifiants rappellent les dénégations frénétiques de nombre de ses prédécesseurs… à la veille des dévaluations de la IV e République et du gouvernement Mitterrand-Mauroy…


Après onze ans de monnaie unique, la crise a fini de fracturer une zone euro qui n’a jamais été homogène. Le Sud tente vainement de rester dans la foulée sportive des pays du Nord, et s’époumone à maintenir une cadence qu’il ne peut supporter. Les propos alarmistes d’Angela Merkel, depuis la semaine dernière, montrent que la patience de l’Allemagne ne sera pas infinie. Ou bien Berlin arrivera à imposer son rythme et sa discipline aux traînards, ou bien l’euro volera, à moyen terme, en éclats.


Dans les deux cas, nous ne sommes qu’au début d’une cure d’austérité qui s’annonce chaque jour plus sévère.

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