À midi et douze minutes, les dernières pierres sautent sous les coups des marteaux-piqueurs. Philippe Cozette serre la main de son homologue britannique.
Les caméras de TF1 n'en perdent pas une miette. Histoire sur pellicule. « On avait l'impression de vivre un moment historique, confirme Robert Houbion, secrétaire de l'amicale des bâtisseurs du tunnel. On était sur un nuage à 100 mètres sous la Manche. »
« Je ne dormais plus »
Philippe Cozette a lui aussi conscience de l'importance du moment. Ça fait quelques semaines que sa direction l'a prévenu que c'est lui qui ferait sauter les derniers gravats. « Je ne dormais plus. On m'avait dit que ça me changerait la vie. Je ne pensais pas que ce serait à ce point-là. Vingt ans après, tous les jours, il y a au moins une personne qui me rappelle que c'est moi qui ai fait la jonction. » Comme s'il pouvait l'oublier.Derrière Philippe Cozette, ils sont des milliers à avoir entrepris l'aventure en 1986-1987. « Au summum du chantier, reprend Robert Houbion, on n'était pas loin de 4 600 personnes, dont 85 % originaires de la région. » Un chantier pharaonique quand on y pense avec ces trois tunnels de 50 km de long et ces 12 milliards d'euros investis.
Alors forcément, la première fois qu'on met un pied au coeur d'un tel déploiement, ça marque. Robert Houbion s'en souvient comme si c'était hier : « Marcher sous la mer, c'était quand même un moment d'émotion. Surtout qu'on voyait de l'eau (douce) qui ruisselait. Et puis, on voyait les ouvriers qui étaient décontractés. C'est comme dans un avion, on regarde les stewards et les hôtesses pour se rassurer. » Il y a eu tous ces politiques aussi : Mitterrand, Barre, Giscard, Balladur, Mauroy, Chevènement ou Méhaignerie pour qui il a fallu courir acheter des bottes pointure 47. Des souvenirs en pagaille. À tel point que Robert Houbion, né en Belgique, habite désormais dans le Calaisis. « J'avais besoin de vivre près de cette histoire. »
les batisseurs
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