TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 9 novembre 2010

La régulation des changes, une vieille obsession française

En faisant de la réforme du système monétaire international une priorité de sa présidence du G20, Nicolas Sarkozy remet en avant une vieille obsession de la France, qui ne s'est jamais résignée à l'instabilité d'un marché des changes dominé par le dollar.

"La France a toujours eu du mal à accepter que les grandes variations sur les monnaies, à la hausse ou à la baisse, n'étaient pas contrôlables", souligne Philippe Waechter, responsable des études économiques de Natixis Asset Management.
Dès l'automne 2008, au plus fort de la crise financière, le président français avait avancé l'idée d'une nouvelle conférence internationale sur le modèle de celle de Bretton Woods, en 1945, pour remettre à plat le système monétaire et financier.
Il l'a reprise début 2010 avant d'annoncer fin août qu'elle serait une des trois priorités de la présidence française du G20, qui commence le 12 novembre.
La guerre monétaire qui a éclaté depuis entre la Chine, rétive aux pressions pour réévaluer le yuan, et les Etats-Unis, dont la politique monétaire d'assouplissement résolu irrite des pays émergents en proie à des afflux de capitaux a donné toute leur actualité aux ambitions françaises.
"Nous vivons dans un monde où les déséquilibres monétaires font peser un risque sur toutes nos économies", déclarait Nicolas Sarkozy lors d'un récent sommet Europe-Asie.
LA PROMOTION DES DTS
Au centre des tensions, figure d'un côté l'accumulation sans précédent de réserves - 2.800 milliards de dollars pour les réserves officielles, pas loin de 4.000 milliards si on ajoute celles de Hong Kong et les fonds souverains - par une Chine locomotive de l'économie mondiale, dont le modèle repose sur l'exportation.
De l'autre, il y a le marasme de l'économie des Etats-Unis dont le dollar conserve le statut de monnaie de réserve, ce qui leur permet de financer quasiment sans limite leurs déficits par de la création monétaire depuis 1945.
Dans les années 1960, quand l'Amérique était au sommet de sa puissance, le général de Gaulle et son conseiller financier Jacques Rueff étaient partis en guerre contre ce "privilège exorbitant" du billet vert.
Le passage à un système de changes flottants à partir de 1973 n'a rien arrangé et la diplomatie française a dépensé beaucoup d'énergie, mais sans succès, pour la promotion des droits de tirages spéciaux (DTS), l'unité de compte du FMI, afin de sortir de la monnaie obligée que restait le dollar.
A partir du milieu des années 1990, la perspective de la création de l'euro donne plus de force aux ambitions françaises.
Mais les Allemands imposent pour prix de leur participation à la monnaie unique une vision radicalement différente.
Ne s'étant jamais reconnus dans l'idée d'une monnaie de réserve alternative au dollar, ils s'opposent à toute gestion "politique" de l'euro et de son taux de change, laissé à la seule appréciation d'une banque centrale indépendante.
UN MOUVEMENT DE FOND
Le billet vert représente aujourd'hui 62% des réserves des banques centrales de la planète, contre 27% pour l'euro et s'il est contesté, il n'a pas été remplacé dans ses prérogatives.
Pour Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, les tensions actuelles relèvent d'un mouvement de fond, le transfert d'activité des pays industriels vers les puissances émergentes, tout comme celles des années 1960 reflétaient un rattrapage économique de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis.
"Cela a beaucoup de conséquences, des déséquilibres de balance commerciale, des problèmes de surendettement. Il y a toute une mécanique infernale qui se met en place", dit-il.
Antoine Brunet, du cabinet de conseil AB Marchés, juge que, dans l'environnement actuel, "le monde ferait un cadeau à la Chine en remettant en cause les privilèges du dollar".
"Ce n'est pas de gaîté de coeur que les Etats-Unis recourent à de 'l'assouplissement quantitatif', leur économie est menacée d'une rechute", explique-t-il en jugeant que la sous-évaluation du yuan, qu'il situe autour de 25%, constitue le vrai problème.
Prise entre deux feux, "l'Europe risque d'être dindon de la farce", avertit Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique.
"Ce n'est pas anormal que le dollar baisse compte tenu des déficits américains mais il faudrait que certains acceptent de monter. Pour autant, il ne s'agit pas que la Chine fasse l'ensemble de l'ajustement et il faudra se mettre d'accord au sein du G20 sur une répartition de la charge", dit-il.

0 commentaires: