mardi 9 novembre 2010
Airbus et l'espoir nippon
Ce n'est pas encore une commande définitive, encore moins une énorme commande mais c'est néanmoins une commande stratégique qu'Airbus négocie actuellement au Japon. Si, dans les mois qui viennent, l'européen parvenait à vendre une première poignée d'A380 à une compagnie nippone, il ferait d'une pierre deux coups : il se renforcerait et affaiblirait Boeing, son principal rival.
Archipel relié au monde par une flotte de gros-porteurs aériens et seul pays de la planète utilisant massivement des Boeing 747 sur ses lignes intérieures, le Japon fait en théorie figure de client idéal pour le paquebot aérien conçu par les ingénieurs du Vieux Continent. Si un pays a besoin de l'A380, c'est bien celui du Soleil-Levant.
Dans la pratique, le Japon reste pourtant hermétique aux charmes d'Airbus. Non seulement Japan Airlines (JAL) et All Nippon Airways (ANA) n'ont jamais commandé d'A380, mais leurs flottes comptent à peine une modeste cinquantaine d'avions sortis des chaînes de Toulouse. L'européen et son rival américain se partagent à peu près à parts égales le ciel mondial, mais les cieux japonais sont eux pratiquement totalement aux couleurs du géant de Seattle. Habitudes historiques, proximité américano-japonaise, favoritisme expliquent cet état de fait en forme de chasse gardée pro-Boeing. Pour Airbus, il est urgent que cette particularité nippone cesse.
D'abord parce que le Japon peut potentiellement devenir un très gros client de l'A380. Sur Tokyo-Osaka comme sur les lignes internationales, l'A380 doit pouvoir trouver sa place. Air France et Lufthansa relient déjà l'Europe à Narita en A380 et les concurrents de JAL et d'ANA de la zone Moyen-Orient -Asie - Pacifique, de Cathay Pacific à Singapore Airlines en passant par Emirates, sont déjà nombreux à miser sur cet avion.
Ensuite parce que, en marchant sur les plates-bandes de Boeing et en coupant l'herbe sous le pied de la famille 747, Airbus peut également espérer fragiliser son concurrent. Pendant longtemps, les dollars de marges engrangés sur le 747 ont en effet permis à l'américain d'être globalement plus agressif face à l'européen.
Enfin et surtout, au-delà des problèmes de motorisation qui affectent aujourd'hui les A380 de Qantas, si ce géant du ciel veut un jour passer du statut de prouesse technologique à celui de programme industriel rentable, il faudra bien qu'il séduise l'incontournable marché nippon.
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