Personne n'a parlé publiquement d'achats de dette souveraine, mais la diplomatie portugaise pouvait avoir le sourire. La Chine est une puissance émergente incontournable, et un petit pays comme le Portugal a tout à gagner à la compter parmi ses partenaires. Les affaires avec Pékin ont cependant une autre facette.
mardi 9 novembre 2010
Pékin achète notre silence
Frappé de plein fouet par la crise économique, le Portugal – tout comme la Grèce ou la France – accueille avec enthousiasme les investissements chinois, signés le 7 novembre lors de la visite du président Hu Jintao à Lisbonne. Mais le partenariat avec Pékin a un coût : on ne peut plus donner des leçons de démocratie à la Chine.
Ce fut un dimanche matin très particulier. Le petit monde des dirigeants des grandes entreprises portugaises (Energias de Portugal, Banco Comercial Português, Portugal Telecom) était tout entier réuni au Palácio das Necessidades, à Lisbonne, où le président chinois Hu Jintao et le Premier ministre portugais José Sócrates ne cachaient pas la satisfaction que leur inspirent les accords signés par les entreprises des deux pays [voir ci-dessous].Personne n'a parlé publiquement d'achats de dette souveraine, mais la diplomatie portugaise pouvait avoir le sourire. La Chine est une puissance émergente incontournable, et un petit pays comme le Portugal a tout à gagner à la compter parmi ses partenaires. Les affaires avec Pékin ont cependant une autre facette.
La visite de Hu Jintao à Lisbonne montre que le Portugal se trouve sur la route des ambitions mondiales de Pékin, et ce parce que le Portugal appartient à l'Union européenne. Il serait absurde de nourrir des craintes vis-àvis du partenariat économique avec la Chine : d'ailleurs, les Chinois nous traitent manifestement mieux que les marchés de certains pays démocratiques.
Cependant, il ne faut pas oublier quelles sont les conséquences de ce rapprochement croissant entre l'Europe et la Chine. Rapprochement qui, par ailleurs, intervient parallèlement à un éloignement progressif entre l'Europe et les Etats-Unis. C'est l'équilibre géostratégique de la planète qui change aujourd'hui, à travers une guerre qui se livre à coup d'euros, de yuans et de dollars.
Et avec cette guerre meurt le rêve qu'avait l'Occident de donner des leçons de démocratie à Pékin. C'est là le plus grand risque que fait courir le commerce avec la Chine. Nos oublis fort opportuns menacent le capital le plus intangible et le plus important de l'Europe : être vue dans le monde entier comme un espace de liberté.
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