TOUT EST DIT

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mardi 9 novembre 2010

Les Français mauvais élèves en économie

Bonnet d'âne pour les Français en économie. Un sondage TNS Sofres réalisé à l'occasion des Journées de l'économie qui se déroulent jusqu'au 11 novembre à Lyon pointe vertement nos lacunes. Le verdict n'est pas glorieux puisque les personnes interrogées soumises à un test de connaissances n'obtiennent qu'un piètre 8,3 sur 20. Le score des personnes diplômées d'un 2e ou d'un 3e cycle n'est guère plus enthousiasmant puisqu'il se situe à peine au-dessus de la moyenne avec une note de 10,5 sur 20. Quant aux personnes âgées (7,5 sur 20) et aux femmes (7,7 sur 20), elles auraient besoin de sessions de rattrapage plutôt intensives. Les hommes, à peine plus éclairés, décrochent un médiocre 9 sur 20.

Conscientes de leurs faiblesses, 73% des personnes interrogées sont pourtant convaincues que «mieux maîtriser l'économie est aujourd'hui indispensable si l'on veut mieux réussir sa vie». «Les Français comprennent que l'économie n'est pas un fantasme mais une activité bien réelle qui interfère quotidiennement sur leur vie personnelle», observe Pascal Le Merrer, fondateur des Journées de l'économie. Pourtant, depuis la crise financière de 2008, les délocalisations en cascade ou encore la guerre entre la Société générale et son trader, Jérôme Kerviel, l'économie fait plus que jamais la une des médias. Sans manifestement suffire à élever le niveau général! Puisque les termes de CAC 40, taux de chômage ou agences de notation semblent loin d'être compris de tout le monde. Un exemple? Alors que la réforme des retraites vient d'être votée à l'Assemblée et que la France vit depuis des semaines au rythme des manifestations contre le projet du gouvernement, seuls 38% des Français interrogés savent ce qu'est un «système de décote» (1). Ils ne savent pas non plus que l'Allemagne est notre premier partenaire commercial et ne maîtrisent guère plus l'ampleur de la dette publique.
Phénomène peut-être plus surprenant encore à l'heure où le gouvernement se félicite du nombre croissant d'autoentrepreneurs dans le pays, nos concitoyens, les yeux rivés sur le CAC 40, ne savent pas que le tissu économique de l'Hexagone est essentiellement constitué de petites entreprises de moins de 10 salariés.
Pour Yves Crozet, professeur d'économie à l'université de Lyon, «les Français ne sont pourtant pas idiots, ils sont même plutôt malins quand il s'agit d'épargner ou d'investir dans l'immobilier. Mais ils savent aussi que l'économie est faite de contraintes et ils préfèrent feindre de les méconnaître».

Vulgarisation

Presque paradoxalement, ces lacunes se doublent d'un étonnant appétit en faveur de cette discipline. Car plus de 6000 personnes se sont inscrites pour participer aux 3es Journées de l'économie qui se déroulent jusqu'au 11 novembre à Lyon. Ambition de ces rencontres? Tenter justement de réconcilier les Français avec les mécanismes économiques les plus abscons. Les participants ne seront pas déçus, ils auront notamment pour pédagogues de choc Christine Lagarde, Jean-Claude Trichet, président de la BCE, ou encore Michel Camdessus, ex-patron du FMI, tous prêts à vulgariser leurs connaissances. Leur thème de prédilection? La gouvernance. Dans l'entreprise. En Europe mais aussi dans le mille-feuille des collectivités locales.
«Il faut arrêter d'avoir des positions idéologiques et faire de la pédagogie, martèle Isabelle Knock-Meo, instigatrice du sondage, tout le monde doit s'y mettre, enseignants, journalistes, experts. L'école surtout doit valoriser les élèves qui optent pour cette discipline. L'économie doit être enseignée dès le collège. Pourquoi pas en primaire car pour comprendre les mécanismes financiers, il faut aussi avoir quelques bases mathématiques, savoir faire une règle de trois ou calculer un taux d'intérêt. Or, ces opérations simples ne sont plus apprises sur les bancs de l'école et les Français, on le voit dans le sondage, ne savent pas les résoudre.» Alors, pas très doués en économie et cancres en maths, les Français? Là encore, le sondage le laisse douloureusement présager.
(1) Il s'agit d'une diminution du montant de retraite auquel on a droit quand on part avant l'âge correspondant au taux plein et que le nombre d'annuités est insuffisant.

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