Il est entré dans l’Histoire de France sans carton d’invitation. Aucun politicien raisonnable n’aurait misé un kopeck, à l’été 1940, sur le destin de l’officier rebelle qui s’agitait à Londres. Général d’une armée morte que lui prétendait ressusciter par la seule magie du verbe…
Au regard des bien-pensants, ce résistant lyrique passait pour un factieux. Bien penser, à l’époque, consistait à serrer la main d’Hitler et voter les pleins pouvoirs à Pétain.
Un “agité du képi”, donc. Ou, sinon, personnage shakespearien “de l’étoffe dont on fait les rêves”. Les siens étaient de grandeur, alors que la petitesse gagnait partout. À chevaucher pareille chimère, que diable pouvait-il conquérir ? L’honneur et l’indépendance. L’homme du 18 juin, quoi qu’on pense ensuite de sa carrière de chef d’Etat, nous a rendu l’essentiel.
40 ans après son décès, “tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change”, il trône au Panthéon de l’imaginaire français. De Gaulle a rejoint Jeanne d’Arc et Bonaparte dans la galerie des héros “providentiels” qui nourrissent le récit national.
Un mythe, dira-t-on. Et heureusement ! “Les pays qui n’ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid” prophétisait le poète Patrice de la Tour du Pin.
Ce matin, au cimetière de Colombey, le président Sarkozy viendra se recueillir sur la tombe du grand Charles. Pas sûr que ça suffise à réchauffer le peuple, ni les sondages.
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