jeudi 21 octobre 2010
Sang, larmes et sueur, version 3.0
Le gouvernement a enfin présenté son programme. En cinq ans, les dépenses publiques seront amputées de 110 milliards d'euros. Un demi-million de postes de fonctionnaires seront supprimés. A elles seules, les prestations sociales seront taillées de 25 milliards. Les impôts, eux, augmenteront de 40 milliards. Le taux de TVA passera, dès le 1 er janvier prochain, de 19,6 % à 22,4 %. A vrai dire, l'essentiel était déjà connu. Mais le pouvoir a rajouté hier la cerise sur le gâteau : la retraite passera à 66 ans dès 2020 ! Ces chiffres sont ceux qui ont été présentés hier à Londres, ramenés à l'échelle de la France. Là où Matignon et Bercy liment des centaines de millions d'euros, le 10 et le 11 Downing Street tranchent des dizaines de milliards. Et la rue anglaise, certes moins souvent accueillante que la rue française pour cause de crachin plus fréquent, ne semble pas frémir, du moins pour l'instant. Jamais le Royaume-Uni n'aura semblé aussi exotique vu d'une France en pleine jacquerie sociale, alors que le TGV relie Paris à Londres en à peine plus de deux heures.
Le plan de redressement présenté hier aux députés britanniques par le jeune chancelier de l'Echiquier, George Osborne, est sans précédent dans un grand pays. Beaucoup d'économistes anglais crient au suicide. En dignes héritiers de John Maynard Keynes, ils estiment que ces purges risquent de tuer une économie malade. Le plan respecte pourtant les principes qui ont tiré de l'ornière des pays plus petits comme la Suède.
Avant même d'avoir mesuré son efficacité, il est possible d'en tirer trois leçons pour la France. Primo, si on veut traiter les vrais problèmes, il faut les aborder dans la campagne électorale -ce qu'ont fait les travaillistes comme les conservateurs et les libéraux. Secundo, les mauvaises mesures se prennent en début de mandat, quitte à les assouplir par la suite si cela apparaît nécessaire. Tertio, un plan acceptable comporte des sacrifices pour tous, et plus lourds pour les plus aisés. Reste à savoir si les dirigeants français de gauche et de droite seront capables d'apprendre ces leçons. Ou si elles seront trop british à leurs yeux pour traverser la Manche.
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