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jeudi 21 octobre 2010

Europe : l'austérité ne fait pas consensus dans les pays endettés

Les nouvelles potions amères que les gouvernements s'apprêtent à administrer en Irlande, en Grèce et au Portugal, passent mal auprès des opinions et des forces d'opposition.

IRLANDE

A Dublin, l'exécutif minoritaire de Brian Cowen éprouve des difficultés imprévues à faire accepter son plan à l'opposition. La tradition de cohésion nationale irlandaise semble se fissurer quelque peu. Le parti travailliste a affirmé que les discussions avec le gouvernement ne sont pas achevées. Enda Kenny, le leader de Fine Gael, le deuxième parti du pays, a déclaré à l'issue des consultations avec le gouvernement de ce mercredi que l'Irlande n'a pas seulement besoin d'un programme d'austérité mais aussi d'un plan de relance de l'économie. La question de l'évolution conjoncturelle est de tout premier ordre. Mercredi, le principal organisme indépendant de prévision du "Tigre celte", l'Economic and Social Research Institute (ESRI), a prévenu que les risques qui planent sur le redressement économique sont aujourd'hui plus importants qu'en juillet. L'année courante devrait finalement se solder par une récession, avec le PIB en baisse de 0,25%. Il y a trois mois, l'Institut tablait sur une hausse du PIB du même ordre.
En 2011, l'Irlande devrait renouer avec la croissance pour la première fois depuis 2007. Mais la progression de son PIB ressortirait à 2,25%, soit un demi point pourcentage en moins que l'anticipation de juillet. Parallèlement, le taux de chômage devrait culminer à 13,5% l'an prochain. Dans ce contexte, et alors que le Ministre des Finances irlandais, Brian Lenihan, finalise ces jours-ci son plan de rééquilibrage fiscal sur quatre ans, le débat s'enclenche sur l'opportunité de demander à l'Union européenne de reculer l'échéance de remettre le déficit budgétaire sur les rails du Pacte de stabilité. David Begg, le secrétaire général de la grande centrale syndicale irlandaise, le Irish Congress of Trade Unions (ICTU), a demandé aux autorités de repousser la date butoir de 2014 à 2016. L'ETRI a repris cette proposition à son compte. Tous les principaux partis politiques présents au Parlement ont écarté cette hypothèse, à l'instar du Ministre des Finances. Dans la nuit de mercredi, Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques, a exprimé son opposition à cette revendication et rappelé que seul le Conseil européen est habilité à modifier l'échéance de 2014.

GRECE

La problématique des effets sur la conjoncture des plans de consolidation budgétaire enflamme les débats à Athènes aussi dans la perspective notamment des élections locales du 7 et du 13 novembre prochains. Lundi, Olli Rehn avait évoqué l'idée que la Grèce soit amenée à durcir son programme d'austérité afin d'atteindre son objectif de déficit budgétaire en 2011. George Papandreou, le Premier ministre de la République hellénique, a vite exclu mercredi toute manoeuvre supplémentaire pour rééquilibrer les comptes publics. Afin de rassurer une opinion publique de plus en plus inquiète, il a également annoncé la mise en place d'un dispositif d'aide aux chômeurs financé à hauteur de 2,6 milliards d'euros. Dans les deux années à venir, le taux de chômage grec devrait atteindre les 15% de la population active. Le verdict d'Eurostat sur les bilans de l'Etat grec entre 2006 et 2009 attendu pour le 22 octobre sera finalement publié vers la mi-novembre, a indiqué OIlli Rehn. Lundi, ce dernier avait suggéré que la dette souveraine et le déficit budgétaire grecs sur cette période pourraient ressortir plus élevés qu'anticipés en raison de la requalification de certaines entités en entités publiques.

PORTUGAL

Dernier tiraillement en date, à Lisbonne, hier, le leader du Parti social-démocrate (PSD) d'orientation conservatrice a déclaré que sa formation ne laisserait pas passer en l'état le projet de budget 2011 du gouvernement socialiste minoritaire. Le PSD s'insurge notamment contre la hausse de 2% de la TVA. Il propose de remplacer cette mesure par une baisse supplémentaire de 1% des dépenses publiques d'équipement. Du coup, le premier vote parlementaire sur la loi des finances 2011 a été repoussé au 3 novembre. José Socrates, le Premier ministre, a menacé de donner sa démission si elle n'est pas adoptée.

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