jeudi 21 octobre 2010
Retraites : Nicolas Sarkozy hausse le ton, les syndicats poursuivent le bras de fer
La pagaille perturbe le pays à la veille des vacances de la Toussaint, Nicolas Sarkozy n'entend pas pour autant lâcher du lest. Au contraire, le chef de l'Etat a haussé le ton hier, en ordonnant à nouveau le déblocage des dépôts de carburant. Et en refusant tout retrait de la réforme : « Je mènerai jusqu'au bout la réforme des retraites, car c'est mon devoir », a-t-il martelé lors du Conseil des ministres. Faute d'avoir vu la mobilisation s'essouffler, l'exécutif espère désormais que les images d'une France empêchée de circuler contribueront à changer la nature du mouvement, et à exaspérer l'opinion. En attendant que cela se perçoive dans les sondages, les responsables de la majorité se sont relayés toute la journée pour expliquer qu'il en allait de « l'intérêt général » (François Fillon), que le gouvernement avait déjà beaucoup bougé sur le texte de loi (Luc Chatel), et que la majorité restait nettement plus unie sur la question que le PS (Jean-François Copé). La gauche sénatoriale a solennellement demandé une suspension des débats : Eric Woerth a répondu par un « non » sans appel.
L'exécutif continue de parier sur une adoption définitive du texte dans les jours qui viennent (une intervention dans la foulée du chef de l'Etat ne semble pas totalement exclue) et sur l'amélioration de la situation dans les stations-service par la levée des blocages et l'importation de carburant.
Hier, Jean-Louis Borloo, en charge de l'Energie, estimait que la situation était à peu près identique à celle de la veille : environ 3.200 stations étaient à sec et 1.700 en difficulté sur un produit, sur 12.300. Si quelques dépôts ont été débloqués (Donges, Caen..), le gouvernement se garde de fixer une date pour le retour à la normale. Selon les distributeurs, la pénurie ne sera pas résorbée pour les départs en vacances.
Cette fermeté peut-elle payer ? C'est la grande question des jours à venir, alors que les syndicats veulent continuer le bras de fer (lire cicontre). L'exécutif semble toutefois attentif à ménager des portes de sortie honorables pour les confédérations. C'est notamment l'objectif des informations que distille l'Elysée pour une fin de quinquennat plus sociale après le remaniement de novembre. L'emploi des jeunes et l'industrie seraient alors mis sur la table.
Le gouvernement commence à poser les jalons de la reprise du dialogue. Une fois la loi votée, « il y a des mesures réglementaires qui devront faire l'objet d'une concertation avec les partenaires sociaux », a souligné François Fillon. Dans l'immédiat, le texte ne sera modifié qu'à la marge au Sénat. Un amendement présenté par la droite et le centre propose une « réflexion nationale », à partir de 2014, sur une « réforme systémique » des retraites. Il devait être voté la nuit dernière ou aujourd'hui. Parmi les « thèmes » de cette réflexion, « la mise en place d'un régime universel par points ». Un sujet cher aux sénateurs et… à la CFDT, seul syndicat qui s'est prononcé en faveur d'un régime par points. Vu le contexte, ce geste, qui n'engage à rien, est peu susceptible de calmer l'opposition de la CFDT à la réforme. La centrale demande qu'on gèle le décalage de l'âge de la retraite sans décote à 65 ans, ce dont il n'est pas question.
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