Accompagné d'une formation classique et d'une impressionnante section de 12 cuivres, Claude Moine a été reçu comme un prince par un public multi-générationnel fervent.
Dans un décor sobre de rideaux noirs et blancs et un éclairage variant subtilement selon le climat de chaque titre, l'ancien "Chaussettes noires" a interprété notamment les cultissimes "Route de Memphis", "Couleur menthe à l'eau" ou encore "Lèche bottes blues" dans une version aux accents funky.
Parmi les chansons de son nouvel album, auquel il à l'intention de donner une suite contrairement à cette tournée présentée comme "sa dernière séance", Eddy Mitchell a joué notamment "L'esprit grande prairie", ballade évoquant son enfance et sa passion des westerns écrite à quatre mains par Alain Souchon et Laurent Voulzy.
"Ca faisait plus d'un an que je leur réclamais une chanson, J'aurais eu tort de désespérer: elle est magnifique".
Aux premières notes de "J'ai oublié de l'oublier", la salle chavire. Puis pour "Pas de boogie-woogie avant vos prières du soir", Eddy Mitchell tombe la veste et l'Olympia est debout. Le rocker envoie des baisers aux fans et serre des mains. Il revient pour un unique rappel avec le titre de son dernier album taillé pour la scène, "Come back".
Un clin d'oeil, puisqu'il reviendra ces jours-ci à l'Olympia pour quatorze autres concerts à guichet fermé. Eddy enchaînera ensuite une tournée en province d'une cinquantaine de dates avant un ultime retour à Paris en avril 2011 pour cinq concerts au Palais des Sports.
"Cinquante ans de chansons derrière moi/Il est un peu tard pour appuyer sur replay", dit-il sur "Come back". Que les fans se rassurent, quand le rideau de cette ultime tournée sera tombé, Eddy Mitchell a encore l'intention de fréquenter les studios et les plateaux de cinéma. César du meilleur acteur dans un second rôle pour "Le bonheur est dans le pré", il devrait être à l'affiche du prochain Etienne Chatiliez en 2011.
J’adore Charles, mais il explique très bien lui-même que lorsqu’il est sur scène aujourd’hui, sa chemise, il peut la remettre le lendemain: pas une goutte de sueur! Alors que moi, ça ne peut être qu’une chemise neuve!
(Rires.) Je continuerai à enregistrer des disques, mais je voudrais prendre le temps de refaire du cinéma. Peu de propositions très intéressantes encore, mais déjà pour l’an prochain un projet avec Etienne Chatiliez…
J’ai beaucoup de respect pour lui. Il a toujours été très discret, ne s’est jamais permis de me taper sur le ventre, pas même sur l’épaule. Et je n’ai jamais eu de horde m’attendant en bas de chez moi, ce dont je le remercie. Bref, il est poli envers moi, ce public, et j’essaie de me montrer à sa hauteur.
"Ça fait un peu peur d’entrer de son vivant dans les manuels"
Des tonnes. Je me rappelle d’une date surréaliste à Lyon, fin 1970, où le promoteur local, un fou furieux, nous avait généreusement invités à boire et à manger. On est tous sortis de table un peu cassés, on en avait marre soudain du tour de chant habituel, alors, arrivés dans la salle, on a improvisé toute la soirée sur des tubes de James Brown. Je crois que le public avait été désarçonné de ne pas entendre mes vieux classiques.
C’est sûr que si j’avais écrit moi-même un truc semblable, ça aurait fait "ramenard". Mais je ne m’appelle pas Bernard-Henri, ma femme ne s’appelle pas Arielle et je n’ai pas l’habitude de me la raconter. Ça faisait plus d’un an que je leur réclamais une chanson. J’aurais eu tort de désespérer: elle est magnifique.
Glandeur, braqueur, je n’avais pas envie de suivre la ligne tracée par mon père, qui travaillait à la RATP. Et comme ma mère, c’était à la banque…
Mon grand-père paternel était aussi à la RATP! L’autre, le maternel, c’était La Bête humaine. Lorsqu’il enlevait ses lunettes sous les traces de charbon, on ne voyait que ses grands yeux bleus.
A 14 ans. Un âge courant. Elle en avait 20 et elle était déterminée à m’émanciper!
Non, mais en avoir 70 ne me met pas en joie non plus. Un gamin qui bossait avec nous au studio m’a inspiré la chanson. Il vient de tout planter pour partir en Nouvelle-Zélande et tenter une aventure personnelle. A une époque où les gens vivent beaucoup du social et sur l’assistanat, il a fait mon admiration.
Ça fait un peu peur d’entrer de son vivant dans les manuels. Ça me fait penser aux statues de grands hommes dans les jardins: elles finissent immanquablement par être la cible des pigeons… Je l’ai rencontré cet enseignant, très sympa: je lui ai dit: "Vous avez vraiment imposé ça à vos élèves? Ils doivent me maudire!" Mettez-vous à leur place: "Oh non, encore une disserte sur Eddy Mitchell…"
Eddy Mitchell, Come Back ***, Polydor, 17 euros. Sortie ludi. A l’Olympia du 19 octobre au 6 novembre. Rens.: 08 92 68 33 68.
> Le site officiel d'Eddy Mitchell
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