TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 21 octobre 2010

EDDY TRIOMPHE À L'OLYMPIA.

"Schmoll" a reçu l'ovation mardi à l'Olympia, où il a entamé une série de 15 concerts inaugurant sa "dernière tournée"
Elegant en costume gris souris sur chemise blanche, Eddy Mitchell, 68 ans, a enchaîné une trentaine de titres tirés de son répertoire, y compris de son tout nouvel album, "Come Back".

Accompagné d'une formation classique et d'une impressionnante section de 12 cuivres, Claude Moine a été reçu comme un prince par un public multi-générationnel fervent.

Dans un décor sobre de rideaux noirs et blancs et un éclairage variant subtilement selon le climat de chaque titre, l'ancien "Chaussettes noires" a interprété notamment les cultissimes "Route de Memphis", "Couleur menthe à l'eau" ou encore "Lèche bottes blues" dans une version aux accents funky.

Parmi les chansons de son nouvel album, auquel il à l'intention de donner une suite contrairement à cette tournée présentée comme "sa dernière séance", Eddy Mitchell a joué notamment "L'esprit grande prairie", ballade évoquant son enfance et sa passion des westerns écrite à quatre mains par Alain Souchon et Laurent Voulzy.

"Ca faisait plus d'un an que je leur réclamais une chanson, J'aurais eu tort de désespérer: elle est magnifique".

Aux premières notes de "J'ai oublié de l'oublier", la salle chavire. Puis pour "Pas de boogie-woogie avant vos prières du soir", Eddy Mitchell tombe la veste et l'Olympia est debout. Le rocker envoie des baisers aux fans et serre des mains. Il revient pour un unique rappel avec le titre de son dernier album taillé pour la scène, "Come back".

Un clin d'oeil, puisqu'il reviendra ces jours-ci à l'Olympia pour quatorze autres concerts à guichet fermé. Eddy enchaînera ensuite une tournée en province d'une cinquantaine de dates avant un ultime retour à Paris en avril 2011 pour cinq concerts au Palais des Sports.

"Cinquante ans de chansons derrière moi/Il est un peu tard pour appuyer sur replay", dit-il sur "Come back". Que les fans se rassurent, quand le rideau de cette ultime tournée sera tombé, Eddy Mitchell a encore l'intention de fréquenter les studios et les plateaux de cinéma. César du meilleur acteur dans un second rôle pour "Le bonheur est dans le pré", il devrait être à l'affiche du prochain Etienne Chatiliez en 2011.
Nouveau disque mais ultime scène à partir de lundi pour Eddy Mitchell, 68 ans. Et maintenant?
N’espérez pas qu’il vous joue la complainte des faux adieux. Oui, la tournée qui débute mardi à l’Olympia sera bien la dernière. Après cinquante ans de carrière, Claude Moine, alias Eddy Mitchell, dit "stop", atteint de son propre aveu par la limite d’âge pour ce qui est de la scène. "Un exercice physique de plus en plus exigeant" pour lequel, trahissant sa devise churchillienne ("no sports"), il s’est préparé en faisant de la gym et en surveillant son assiette. Moins 6 kilos, sa balance n’en est encore pas revenue. "Je crois avoir raison d’arrêter. J’avais terminé fatigué la tournée précédente. J’aurais presque 70 ans à la fin de celle-ci. Imaginer en préparer une suivante, au rythme où je fais les choses, ça nous envoie en 2014 et j’aurais alors… Laissons tomber."
C’est votre dernière tournée. Et Aznavour, comment fait-il?
J’adore Charles, mais il explique très bien lui-même que lorsqu’il est sur scène aujourd’hui, sa chemise, il peut la remettre le lendemain: pas une goutte de sueur! Alors que moi, ça ne peut être qu’une chemise neuve!
En 2011, vous bouclerez cinquante ans de carrière. Vous les voyez comment les cinquante prochaines?
(Rires.) Je continuerai à enregistrer des disques, mais je voudrais prendre le temps de refaire du cinéma. Peu de propositions très intéressantes encore, mais déjà pour l’an prochain un projet avec Etienne Chatiliez…
Et votre public, il en pense quoi?
J’ai beaucoup de respect pour lui. Il a toujours été très discret, ne s’est jamais permis de me taper sur le ventre, pas même sur l’épaule. Et je n’ai jamais eu de horde m’attendant en bas de chez moi, ce dont je le remercie. Bref, il est poli envers moi, ce public, et j’essaie de me montrer à sa hauteur.

"Ça fait un peu peur d’entrer de son vivant dans les manuels"

Un souvenir d’une tournée mémorable?
Des tonnes. Je me rappelle d’une date surréaliste à Lyon, fin 1970, où le promoteur local, un fou furieux, nous avait généreusement invités à boire et à manger. On est tous sortis de table un peu cassés, on en avait marre soudain du tour de chant habituel, alors, arrivés dans la salle, on a improvisé toute la soirée sur des tubes de James Brown. Je crois que le public avait été désarçonné de ne pas entendre mes vieux classiques.
Le premier extrait de votre nouveau disque est signé Souchon-Voulzy (L’Esprit grande prairie). C’est d’une grande tendresse et il vous permet d’évoquer votre vie à la troisième personne.
C’est sûr que si j’avais écrit moi-même un truc semblable, ça aurait fait "ramenard". Mais je ne m’appelle pas Bernard-Henri, ma femme ne s’appelle pas Arielle et je n’ai pas l’habitude de me la raconter. Ça faisait plus d’un an que je leur réclamais une chanson. J’aurais eu tort de désespérer: elle est magnifique.
Dans Avoir 16 ans aujourd’hui, vous rappelez "avoir évité les études". Vous seriez devenu quoi?
Glandeur, braqueur, je n’avais pas envie de suivre la ligne tracée par mon père, qui travaillait à la RATP. Et comme ma mère, c’était à la banque…
Et la génération d’avant?
Mon grand-père paternel était aussi à la RATP! L’autre, le maternel, c’était La Bête humaine. Lorsqu’il enlevait ses lunettes sous les traces de charbon, on ne voyait que ses grands yeux bleus.
En fait, à l’époque, la seule étude qui vous passionne, écrivez-vous, est celle des filles. Votre première expérience sexuellement explicite?
A 14 ans. Un âge courant. Elle en avait 20 et elle était déterminée à m’émanciper!
Vous aimeriez avoir 16 ans aujourd’hui?
Non, mais en avoir 70 ne me met pas en joie non plus. Un gamin qui bossait avec nous au studio m’a inspiré la chanson. Il vient de tout planter pour partir en Nouvelle-Zélande et tenter une aventure personnelle. A une époque où les gens vivent beaucoup du social et sur l’assistanat, il a fait mon admiration.
Vous inspirez le travail d’un enseignant, Philippe Corcuff (*), qui vous décrit comme un philosophe de votre époque. Troublant lorsqu’on a commencé en hurlant Dactylo rock?
Ça fait un peu peur d’entrer de son vivant dans les manuels. Ça me fait penser aux statues de grands hommes dans les jardins: elles finissent immanquablement par être la cible des pigeons… Je l’ai rencontré cet enseignant, très sympa: je lui ai dit: "Vous avez vraiment imposé ça à vos élèves? Ils doivent me maudire!" Mettez-vous à leur place: "Oh non, encore une disserte sur Eddy Mitchell…"
(*) Philosophie du Schmol: Eddy Mitchell et la question du scepticisme dans la société néolibérale, Mediapart, mars 2010.
Eddy Mitchell, Come Back ***, Polydor, 17 euros. Sortie ludi. A l’Olympia du 19 octobre au 6 novembre. Rens.: 08 92 68 33 68.


Le site officiel d'Eddy Mitchell

0 commentaires: