jeudi 6 janvier 2011
Obsessions françaises
Si l'efficacité d'une politique économique devait se mesurer à l'intensité des débats et à la vigueur des déclarations d'intentions, la France serait à coup sûr championne du monde de l'industrie. On convoque des étatsgénéraux, on disserte sur le nouveau capitalisme, on se fixe des objectifs chiffrés ambitieux, avant de constater, désolé, que notre pays perd du terrain.
La France a deux obsessions récurrentes : la taille de ses PME et la fuite de son industrie. Depuis plus de dix ans, elle multiplie les discours martiaux sans grand résultat. Témoin les derniers chiffres, publiés hier par la Banque de France, qui montrent que sur ces deux fronts la situation n'évolue pas dans le bon sens. Entre 2008 et 2009, le nombre des entreprises de taille intermédiaire, entre 250 et 5.000 salariés, a baissé de 300, alors que l'objectif était d'en faire émerger 2.000 de plus. Quant à l'industrie, elle a été à nouveau la grande perdante de la crise. En un an, le chiffre d'affaires du secteur manufacturier a chuté de 15 %, et ses marges se sont effondrées de plus de 30 %.
Fâcheux dans la mesure où il assure encore à lui seul la majorité des exportations françaises.
Ces chiffres déprimants ne constituent pas une surprise. Ils reflètent la violence de la crise qui a secoué le monde en 2009 et qui n'a fait qu'amplifier les faiblesses françaises. Ils comportent néanmoins un élément positif en soulignant la capacité de résistance des ETI. Ces entreprises intermédiaires entre les PME et les grandes structures ont plutôt mieux résisté à la crise. Rassemblant un petit tiers des effectifs totaux, elles ont mieux préservé leurs marges que les grandes sociétés, présentent des finances plus saines, et restent les championnes de l'investissement dans l'Hexagone.
Les aider, et aider les PME plus petites à devenir elles-mêmes des ETI, est donc une bonne idée. Elles souffrent généralement de trois handicaps. Des charges trop lourdes, un maquis administratif inextricable et la tyrannie des grandes entreprises promptes à leur mettre la tête sous l'eau pour les maintenir en état de dépendance.
C'est de plus de liberté de mouvement dont elles ont besoin, plutôt que d'une couche supplémentaire de subventions qui rajoute à la complexité et profite surtout aux grandes. C'est évidemment moins spectaculaire que de se gargariser de politique industrielle et de grands contrats. Car en France, il est toujours plus compliqué de vouloir faire plus simple.
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