TOUT EST DIT

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jeudi 6 janvier 2011

Barack Obama pourra-t-il composer avec le nouveau Congrès ?

La nouvelle année marque pour le Congrès américain un tournant dans le mandat de Barack Obama. Mercredi 5 janvier, lors de la rentrée parlementaire officielle, les républicains désignés lors des élections de mi-mandat entreront au Parlement et feront basculer la majorité à la Chambre des représentants.

Pour les commentateurs américains, le temps est venu d'évaluer les chances de réussite d'une Assemblée qui risque de s'opposer âprement sur deux points majeurs : la réforme de la santé, chère à M. Obama et que les républicains n'ont toujours pas acceptée, et la réduction du budget fédéral soutenue par les républicains. Ces deux sujets ont déjà fait l'objet de discussions et de votes lors de la "lame duck session" – la session "canard boiteux", courte période de législature entre les élections de mi-mandat et la prise de fonction des parlementaires nouvellement élus.
Cette "lame duck session" a pourtant vu l'adoption d'un grand nombre de textes importants, notamment la poursuite des allègements fiscaux mis en œuvre par George W. Bush, un compromis que M. Obama a obtenu en contraignant les républicains à voter la reconduite des allocations pour les chômeurs en fin de droit. Pour la majorité des médias américains, cette capacité à faire émerger des compromis est le défi qui attend Barack Obama et les parlementaires fraîchement élus.
UN CONGRÈS DANS UNE DYNAMIQUE PRODUCTIVE
Pour le New York Times, un vote de rejet ("repeal") de la réforme de la santé par les républicains constituerait une "ouverture des hostilités" particulièrement explicite et symbolique. Pour autant, elle pourrait se révéler "une chance pour les démocrates de mettre à l'épreuve le soutien dont ils bénéficient de la part des Américains sur cette réforme". "Si l'on s'en tient au cadre législatif qui a déjà été voté, explique le journal, les consommateurs bénéficient déjà d'un certain nombre d'avantages que les républicains seraient prêts à leur retirer."
Pour le quotidien new-yorkais, il n'est pas sûr que les Américains acceptent ce retour en arrière. D'autant plus que le coût du dispositif ne cesse d'être réévalué, plutôt dans le bon sens : "le bureau du budget du Congrès estime que le coût de la réforme du système de santé réduirait les déficits de plus de 140 milliards de dollars en dix ans, en grande partie car les nouvelles dépenses seraient largement compensées par de nouveaux impôts et par un ralentissement de la croissance des dépenses liées au programme Medicare".
RAMENER LES DÉPENSES À LEUR NIVEAU D'AVANT LA CRISE


Attention toutefois à ne pas sous-estimer les ambitions des républicains en matière de coupes budgétaires, avertit le Wall Street Journal : "Paul Ryan, le nouveau chef de la commission du budget, a d'ores et déjà déclaré qu'il attendrait les projections budgétaires du Congrès pour définir les limites d'un programme de dépenses qu'il souhaite ramener – hors dépenses liées à la sécurité – au niveau d'avant le plan de sauvetage économique." Le journal rappelle également que les républicains souhaitent investir d'autres champs d'action, notamment limiter les engagements sur l'environnement et durcir les lois d'immigration.
Cette seconde partie de mandat donnera donc l'occasion au président et aux parlementaires de se livrer à un travail de longue haleine pour défendre leurs projets de loi. Pourtant, les analystes politiques sont prompts à souligner que cette culture du compromis a déjà été largement mise à l'épreuve par l'administration Obama et le Congrès lors des deux premières années de son mandat.
A ce titre, le site Salon insiste sur le fait que "2010 n'a pas été pas une mauvaise année pour Obama", elle fut au contraire une année productive : "une productivité justement basée sur le compromis, notamment lors des débats sur la fiscalité qui ont eu lieu lors de la "lame duck session. (...) Aucun président moderne n'a perdu autant de sièges lors des élections de mi-mandat qu'Obama en 2010, et pourtant, aucun président moderne n'a bénéficié d'une session parlementaire post-élections aussi dynamique que celle qu'(il) vient de présider".
Et les démocrates pourraient dans une certaine mesure être aidés dans les deux prochaines années par la présence à la tête de la Chambre de John Boehner, un politique jugé "peu idéologue" par le Christian Science Monitor, qui dressait en novembre le portrait d'un homme "pragmatique", "sans toutefois être un partisan convaincu du compromis entre les deux partis". Le journal tient à rappeler le précédent de 1995 : après avoir pris le contrôle du Congrès, les républicains avaient entravé tout compromis législatif, se montrant inflexibles sur la plupart des thèmes discutés. Résultat, "c'est Bill Clinton qui en est sorti victorieux". Le président démocrate a en effet été réélu. Il y a fort à parier que les républicains ne voudront pas retenter ce coup de poker, estime le journal. 

Du côté des optimistes figure également le Washington Post, pour lequel "les démocrates ne se sont pas surpassés lors de la précédente législature, au contraire ils ont régulièrement cédé du terrain". L'avantage d'une plus forte présence républicaine au Congrès serait "de clarifier le débat confus sur la fiscalité" et surtout d'"obliger les républicains à rapidement dévoiler l'ampleur des coupes qu'ils devraient opérer dans le budget fédéral pour couvrir le coût de leur obsession anti-taxes".
Autre atout des démocrates, le vice-président Joe Biden, qui a fait montre d'un franc-parler très apprécié des parlementaires, notamment lors de l'examen du traité de désarmement Start avec la Russie. Pour le site d'actualité politique McClatchy, Joe Biden, rompu aux manœuvres politiciennes propres à Washington, pourrait jouer le rôle de "président par procuration" auprès du Congrès, afin d'arracher des compromis bipartisans. Avantage de Joe Biden, il n'hésite pas à "légèrement dévier de la ligne présidentielle", souligne le site.
LA FIN DU TEA PARTY ?

Une menace semble en revanche s'éloigner, celle de voir les membres du Tea Party jouer un rôle de premier plan à Washington. Force est de constater que depuis les résultats du scrutin, l'engouement pour cette frange particulièrement radicale et anti-establishment du Parti républicain s'est largement dégonflé. Se sentant floués par les cadres du parti, qui n'ont accordé que très peu de place aux membres du Tea Party lors de la formation de leurs équipes, ils sont nombreux à exprimer leur colère. 

Pour le Los Angeles Times, "les leaders du Tea Party affirment être préparés à éviter les écueils dans lesquels sont tombés lors des précédents mouvements du même type". Arguant du fait que "leurs activistes sont plus engagés et investis", "ils plaident non pas pour une seule cause mais pour une véritable campagne pour 'retrouver l'Amérique' ("restore America")". Pourtant, cette élection ne s'est pas révélée à la hauteur de leurs espérances, souligne le journal : "ils ont échoué à installer leurs favoris à la tête de deux puissantes commissions parlementaires (...) et ils se sont montrés divisés sur le compromis fiscal négocié par Obama et les républicains".
Le constat est amer, renchérit le New York Times, qui rappelle que "plus de quarante candidats élus à la Chambre et au Sénat ont été soutenus par le Tea Party". Malgré cela, constate le quotidien, "celui-ci a perdu la bataille pour d'importantes nominations" et "les leaders du Tea Party se désolent du fait que Washington a à peine remarqué que les électeurs américains se sont prononcés contre l'establishment politique".

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