TOUT EST DIT

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jeudi 6 janvier 2011

Pour une nouvelle stratégie de croissance

La crise est venue bousculer nos espoirs d'augmenter durablement le rythme de notre croissance. Tout d'abord en dégradant nos finances publiques : les stabilisateurs automatiques ont bien fonctionné pendant la récession, mais au prix d'un creusement de nos déficits publics et d'une augmentation de notre endettement public. Ensuite, en resserrant le crédit, ce qui a entraîné une baisse des investissements privés et une augmentation du nombre des faillites.

Face à la crise, une première approche, d'inspiration keynésienne, et pronée par des économistes comme Paul Krugman, est de préconiser une augmentation indiscriminée de la dépense publique, et de compter sur le surcroît de croissance généré par cette augmentation pour résorber les déficits. Questionnée par de nombreux économistes, une telle politique est tout simplement inapplicable chez nous car elle est incompatible avec nos engagements budgétaires de court et moyen terme au sein de la zone euro, engagements qui seront surveillés de près par les marchés et par nos partenaires européens. Une seconde approche, ultralibérale, qui inspire aussi bien les républicains américains que David Cameron en Grande-Bretagne, est de miser entièrement sur la réduction des dépenses publiques, et de compter sur les baisses de taux d'intérêt et/ou baisses d'impôt induites par cette réduction pour renflouer les entreprises afin qu'ellesmêmes relancent la machine. Une telle politique implique tout simplement que l'Etat renonce à son rôle de catalyseur du processus de croissance.

On propose ici une troisième voie : celle d'une intervention ciblée de l'Etat, lequel internalise la contrainte budgétaire mais en même temps investit dans les domaines et secteurs clefs pour la croissance : l'éducation, la santé, le soutien aux PME, la mise en place d'une véritable sécurisation des parcours professionnels, et la lutte contre la désindustrialisation de notre économie.

Comment réaliser la quadrature du cercle qui consiste à réduire nos déficits publics tout en maintenant nos investissements de croissance ? Pour partie, la solution doit certainement reposer sur une réduction de nos dépenses publiques : dans ce domaine, des progrès réels peuvent être réalisés, notamment en éliminant des échelons administratifs rendus superflus par la révolution informatique, et en soumettant un certain nombre de prestations sociales à des conditions de ressources. Mais cela ne suffira pas : la France doit également s'engager sans plus tarder dans une réforme radicale de son système fiscal qui aille bien au-delà des timides projets gouvernementaux en matière d'imposition du patrimoine.

En particulier, notre système fiscal souffre de l'existence d'une multiplicité de niches. Ces niches font que le taux moyen d'imposition n'est en fait que de 24,4 % pour les mille contribuables les plus aisés et devient inférieur à 20 % pour les dix contribuables les plus riches, alors qu'il dépasse les 40 % dans les pays scandinaves. Il faut donc commencer par supprimer les niches fiscales qui n'ont pas eu d'effet avéré sur la croissance : en particulier, la défiscalisation des heures supplémentaires, ou la TVA réduite sur la restauration (le passage au taux réduit de 5,5 % de la TVA coûte 3 milliards d'euros par an) ou la loi Girardin censée favoriser l'investissement industriel dans les DOM et qui s'est transformée en niche pour les très hauts revenus, ou encore les niches qui, en pratique, font chuter le taux d'IS de 33 % à 17 % pour les grandes entreprises et notamment le fameux amendement Copé.

C'est parce qu'ils se sont dotés de fiscalités transparentes et progressives, de fiscalités sans niche, que des pays comme la Suède ou la Finlande sont parvenus à considérablement réduire leurs déficits publics après les crises financières qu'ils ont traversées dans les années 1990, et ce sans porter atteinte ni à la qualité de leurs services publics - la Finlande est toujours parmi les meilleurs dans le classement PISA -, ni à leur potentiel de recherche et d'innovation, ni à leur compétitivité au sein de l'économie mondialisée. Pourquoi pas nous ?

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