TOUT EST DIT

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jeudi 6 janvier 2011

"En boycottant les vœux, la CGT envoie un message à l'Elysée et en interne"

Bernard Thibault a créé l'événement en décidant de ne pas se rendre, jeudi 6 janvier, aux vœux du président de la République adressés aux forces vives de la nation. Une première. Le secrétaire général de la CGT refuse ainsi de participer à un "simulacre" et marque sa désapprobation sur l'issue du conflit sur les retraites.

Guy Groux, directeur de recherche du CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po, spécialiste du syndicalisme, estime que la direction de la CGT et Bernard Thibault envoient un "double message" : à l'Elysée mais aussi à sa base, au moment où le syndicat a lancé une offensive dans les entreprises pour ouvrir des négociations.
Quel message la CGT veut-elle faire passer en refusant, contrairement aux autres syndicats, de se rendre aux vœux de l'Elysée ?
Guy Groux : La stratégie de Bernard Thibault est claire. Il envoie un double message : d'une part en direction de son organisation, pour montrer, après le dur conflit des retraites, que la CGT reste déterminée. D'autre part, il s'adresse au gouvernement. La CGT s'est beaucoup engagée dans le conflit des retraites et a mal accepté la détermination de Nicolas Sarkozy dans ce conflit. Cette fermeté était pourtant prévisible, car le président avait présenté les retraites comme une "réforme majeure" de son quinquennat et voit l'élection de 2012 arriver.
Il n'empêche, la direction de la CGT estime que le gouvernement n'a pas suffisamment tenu compte de la négociation collective, alors qu'il avait fait voter des textes en 2007 et 2008 sur le dialogue social. Thibault dénonce chez Sarkozy le hiatus entre la volonté de dialogue social et la fermeté affichée, sur les retraites mais aussi avant.
En quoi la situation de la CGT est-elle différente de celle des autres syndicats ?
Un des éléments à prendre en compte est la situation interne de la CGT : la direction doit compter avec une opposition qui reste présente et se montre plus radicale. La direction dit à ses troupes : "Nous entrons dans une zone de turbulences, avec des négociations et nous sommes les plus déterminés." En effet, la CGT a lancé une campagne très combative, au niveau des entreprises, via les syndicats de base, pour faire ouvrir des négociations, notamment sur la pénibilité. Un thème qui renvoie à la question des seniors et à l'âge de départ des salariés. La CGT soulève également la question du pouvoir d'achat.
Certains observateurs soulignent aussi que les élections syndicales à la SNCF approchent et qu'elle y connaît la concurrence de SUD. La CGT a par ailleurs connu des déboires à La Poste et à EDF, un de ses bastions. Mais la dimension interne n'est pas la dominante. La décision de la CGT s'adresse surtout à l'Elysée.
En quoi Nicolas Sarkozy a-t-il besoin des syndicats pour le futur ?
Je précise qu'il faut raison garder : la direction de la CGT n'affiche pas de rupture totale du dialogue avec l'Elysée et conserve des contacts. Elle fait un geste symboliquement fort. Quant à Nicolas Sarkozy, il a eu une volonté forte d'affichage sur les réformes. S'il se représente en 2012, il devra se prononcer sur de nouveaux thèmes, pour poursuivre son programme. Pour cela, il lui importe de maintenir de bonnes relations avec les syndicats. En France, on ne peut réformer seul : on se rappelle l'exemple de Dominique de Villepin et du contrat première embauche.

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