TOUT EST DIT

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jeudi 6 janvier 2011

Recadrage de raison

L’année nouvelle sera utile, avait promis Nicolas Sarkozy dans ses vœux à la nation. Hier, en échangeant les vœux avec le gouvernement, il a fait connaître aux ministres les bonnes résolutions qu’ils devaient prendre et concrétiser, afin de se rendre eux-mêmes utiles, au pays bien sûr, mais aussi à la préparation du grand rendez-vous électoral de 2012. Évoquer l’échéance, même en la qualifiant de « lointaine », n’en revient pas moins à la placer bien en évidence, afin qu’elle inspire sa conduite à chaque membre du gouvernement. Aux yeux du chef de l’État, celui-ci doit briller par son efficacité, son unité et sa solidarité. Travailler plus pour gagner plus dans l’opinion, puis dans les urnes.

Il s’agit bien d’un rappel à l’ordre. Il est de bonne guerre d’envoyer les chevau-légers de la majorité harceler les figures notoires de l’opposition, en exploitant les agaceries, frictions et divergences entre Martine et Ségolène, Manuel et Benoît, Dominique et Jean-Luc, Daniel et Éva, Marine et Bruno. Mais cette guérilla perdra de son effet si, sous les couleurs du président, Chantal et Rachida, Jean-François et Xavier, Brice et Michel donnent le même spectacle d’escarmouches et de polémiques que les camps adverses. Comment le citoyen distinguerait-il les « bons » des « méchants », dans une cacophonie générale où l’intérêt collectif serait noyé dans le tourbillon des rivalités particulières ?

Si le rappel présidentiel apparaît ainsi raisonnable, au nom de la cohésion de la majorité, il n’est toutefois pas sans précédent. Et pourtant, Nicolas Sarkozy n’est jamais parvenu, ces trois dernières années, à maintenir serrés tous les boulons de son domaine. D’une part, cela est dû tout bonnement à la nature humaine : hommes et femmes politiques sont, comme les autres, de chair, de sang et d’eau, et de surcroît réceptifs à cette passion qui rime souvent avec ambition, mot qui, en soi, n’est pas toujours suspect. De l’autre, le président contribue lui-même à certains cahots entre tribus de droite et du centre, car le faible socle populaire que révèlent les sondages favorise les spéculations iconoclastes.

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