TOUT EST DIT

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jeudi 6 janvier 2011

Un sociologue : « L’islam est posé chez nous comme un problème »

Un sondage d’opinion a montré qu’en France et en Allemagne, quatre habitants sur dix perçoivent l’islam « plutôt comme une menace ». Peu avant sa publication, le sociologue Roland Pfefferkorn dénonçait certains facteurs de cette méfiance
Roland Pfefferkorn enseigne la sociologie à l’Université de Strasbourg et travaille au sein du laboratoire Cultures et sociétés en Europe du CNRS. Il s’intéresse aux inégalités et aux rapports de sexe et de classe. Il a été interrogé récemment dans le contexte de la recrudescence des actes racistes et antisémites en Alsace.
Le racisme devient-il plus fort en France, notamment dans nos régions ?
C’est tellement facile de dire que le racisme vient d’en bas, des ouvriers qui voteraient FN. Mais il faut voir comment des bailleurs traitent des candidats locataires à la peau noire, et comment, en Alsace aussi, on ne sert par des personnes « basanées » dans certains restaurants. Ces comportements se retrouvent partout. En revanche, ce qui est particulier à la France, ce sont des hommes au gouvernement qui n’hésitent plus à développer des discours xénophobes. Or, ce sont surtout les musulmans qui sont visés par ces propos ou par certaines mesures, comme l’interdiction du voile.
La moitié des filles exclues des classes en France pour porter le voile le sont en Alsace-Moselle. La loi de 2004 est clairement une loi raciste et les grands défenseurs de la laïcité ne dénoncent pas l’absence de cette dernière en Alsace-Moselle.
Un appel a été lancé à Strasbourg, à l’initiative du maire, Roland Ries, pour promouvoir le vivre ensemble. Qu’en pensez-vous ?
Il faut aller au-delà d’un appel de ce type. Il faudrait une pratique qui soit en accord avec les grandes déclarations. Or, un ministre de l’Intérieur condamné en première instance pour déclarations racistes et qui reste à son poste, c’est un signal clair. D’autre part, le racisme est surtout alimenté par ceux qui apparaissent à la télévision. (Il cite des noms, qui relèvent toutefois de l’appréciation personnelle, N.D.L.R.).
Mais on n’a jamais invité une jeune fille française qui porte le voile à s’exprimer à la télé. En revanche, on a vu la manipulation dans de récents reportages sur la polygamie ou les relations garçons-filles dans les cités.
Pourquoi les musulmans deviennent-ils la cible de cette méfiance et de ce rejet ?
Parce que l’islam est posé comme un problème, notamment depuis la première guerre du Golfe et les attentats de 2001.
Il y a une alliance politico-médiatique, qui va bien au-delà de la France, pour alimenter un sentiment anti-musulman et anti-arabe. On l’a vu chez nous, avec le bruit fait autour de la candidate voilée du NPA à Marseille, ou lorsqu’un fast food a proposé de la viande halal. Alors qu’il n’y a pas d’affaire concernant des plats casher ou végétariens, ou bien sur le port de la kippa.

Selon le sondage IFOP-Le Monde publié mardi, 42 % des Français interrogés considèrent les musulmans « plutôt comme une menace », et 22 % les voient comme « un facteur d’enrichissement culturel » (pour 36 %, ils ne sont « ni l’un ni l’autre »). Les Allemands sont respectivement 40 %, 24 % et 36 % à donner ces réponses. Dans les deux pays, une forte majorité estime que l’intégration des musulmans ne s’est pas faite : 68 % des Français et 75 % des Allemands le pensent.

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