Face à d'éventuels débordements, les puissances occidentales hésitent à réagir militairement. Le Guide, lui, a prévenu : "des milliers de Libyens mourront en cas d'intervention de l'Amérique ou de l'OTAN".
* Des désaccords persistent au sein de l'Alliance atlantique
L'éventualité d'une intervention militaire a été discutée mercredi au cours d'une réunion des ambassadeurs des 28 pays membres de l'organisation à Bruxelles, mais comme l'a souligné le secrétaire à la défense américain, Robert Gates, "il n'y a pas de consensus au sein de l'OTAN pour le recours à la force". Le flou persiste sur les modalités et l'opportunité même d'un tel engagement.
Pour le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, "l'OTAN n'a rien à faire là-bas. Il ne peut intervenir militairement que lorsqu'un pays allié est attaqué". Moscou, qui coopère avec l'Alliance atlantique, a également exprimé son désaccord, accusant l'organisation d'"essayer de s'implanter dans cette région, sous couvert de vouloir pacifier la situation en Afrique du Nord".
* La difficile instauration d'une zone d'exclusion aérienne
Faut-il établir une zone d'exclusion aérienne pour empêcher les avions du colonel Kadhafi de bombarder la population ? Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne y sont favorables, mais la mesure est "extrêmement compliquée" à mettre en place, selon l'amiral américain Mike Mullen. Parce qu'il consiste à interdire le survol aérien d'un espace déterminé, le dispositif suppose une surveillance permanente et un déploiement de moyens considérables (Lire Libye : la création d'une zone d'exclusion aérienne en discussion).
Son instauration exige également au préalable la suppression des capacités de défense aérienne de l'ennemi. "Ce serait une opération militaire", comme l'a expliqué devant une commission du Sénat américain le général James Mattis.
L'OTAN, dotée d'une flotte d'une vingtaine d'avions-radar Awacs, a déjà mené dans le passé des missions d'exclusion aérienne, et elle pourrait compter facilement sur des contributions en avions de chasse de ses membres. Mais la décision ne fait pas l'unanimité. Côté français, le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, s'est dit réticent à toute intervention en Libye "sans un mandat clair du Conseil de sécurité des Nations unies".
* Démonstration de force de l'USS Kearsarge au large des côtes libyennes
Faute de décision commune pour le moment, les Occidentaux s'efforcent de maintenir la pression sur le régime de Kadhafi par d'autres moyens. Deux navires de guerre américains sont entrés mercredi en mer Méditerranée après avoir franchi le canal de Suez. Le porte-hélicoptères USS Kearsarge et l'USS Ponce, deux bâtiments amphibies, peuvent assurer un soutien à des opérations humanitaires aussi bien que militaires.
Un porte-avions américain, l'USS Enterprise, transportant des avions de chasse capables le cas échéant d'imposer une zone d'exclusion aérienne, pourrait également être appelé en renfort. Il croise actuellement dans le nord de la mer Rouge, selon le site de la Navy.
* L'opposition libyenne est hostile à une intervention
Récusant "toute ingérence ou opération militaire étrangère", un porte-parole du comité de la révolution de Benghazi affirme que "le reste de la Libye sera libéré par le peuple libyen. Nous comptons sur l'armée pour libérer Tripoli."
* Les dangers d'une opération au sol
Dans un tel contexte, la perspective d'un débarquement de troupes sur le sol libyen est pour le moins irréaliste. Interrogé sur TF1, Alain Juppé a clairement exprimé ses réserves, s'inquiétant de "la réaction de la rue arabe, des populations arabes tout au long de la Méditerranée".
"Les Etats-Unis, stratégiquement empêtrés en Irak et en Afghanistan, n'ont aucun intérêt à s'engager dans un nouveau guêpier", explique au Monde.fr le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre. "Comme le disait Colin Powell, quand vous entrez dans un magasin de faïence et que vous cassez quelque chose, les débris vous appartiennent. La seule solution pour ne pas y rester, c'est de ne pas y aller."
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