jeudi 3 mars 2011
35 heures : la voix des PME
Que les 35 heures ne soient pas populaires parmi les dirigeants d'entreprise n'est pas vraiment une information. Qu'ils soient massivement, à plus de 70 %, en faveur d'un retour aux 39 heures, comme il ressort du sondage ViaVoice que nous publions (voir plus haut), surprendra en revanche tous ceux qui avaient cru percevoir une certaine résignation du monde patronal aux 35 heures. Mais c'est cette surprise qui est surprenante ! Car, en réalité, chez les dirigeants de PME, sous la pression d'une concurrence sans cesse plus acérée, avec le casse-tête que sont la gestion du temps de travail ou des RTT -casse-tête que les amendements successifs à la loi Aubry n'atténuent qu'en partie -les 35 heures ne sont jamais « passées ». Les chefs d'entreprise ont saisi l'occasion pour sortir d'un non-dit trop vite considéré comme une forme d'acquiescement.
Une fois de plus, on voit dans la gestion de ce dossier les effets pervers d'une perception de l'économie influencée à l'excès par les grandes entreprises. Les groupes du CAC 40 ont à la fois les effectifs et les moyens pour s'être peu à peu accommodés des 35 heures, au point souvent de préférer aujourd'hui ne pas rouvrir la boîte de Pandore de la durée légale du travail. Dans les PME, en revanche, les aménagements de la loi Tepa, avec la défiscalisation des heures supplémentaires, révèlent plus crûment leur vraie nature : celle d'un pis-aller. Dans une vie de dirigeant, dans laquelle la quête de performance, de productivité, de marchés ne souffre pas le compromis, subir depuis plus de dix ans une politique du moindre mal est une anomalie, sinon une aberration. Nicolas Sarkozy a eu beau affirmer en début d'année que « les 35 heures uniformes et obligatoires ont disparu », le Medef peut bien souligner que la réforme des 35 heures « ne figure pas à l'agenda » du dialogue social, le temps est sans doute venu de refuser plus nettement la succession d'Henri Queuille et sa fameuse devise : « Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. » Certes, un tel dossier ne se rouvre pas à la hussarde. Ne serait-ce qu'en raison de la difficulté à reparler de temps de travail sans s'interroger sur les rémunérations et sur les charges. Mais il apparaît de plus en plus nettement que le débat présidentiel se focalisera sur le triptyque compétitivité des entreprises-maîtrise des dépenses publiques-pouvoir d'achat. Contourner encore longtemps la pierre d'achoppement des 35 heures, ce serait exclure les PME de ce débat national.
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