TOUT EST DIT

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vendredi 7 janvier 2011

Gesticulation

Dans un Etat de droit, où le pouvoir suprême tient sa légitimité de son élection libre par le peuple, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour condamner l'absence délibérée de la CGT, hier soir, à la cérémonie des voeux présidentiels aux partenaires sociaux. On peut à raison juger désuet ce rite protocolaire, mais il appartient à cette tradition républicaine dont le formalisme contribue à asseoir l'autorité distante, et non familière, du politique. En décidant, pour la première fois, de sécher l'invitation d'un chef de l'Etat qu'elle confond visiblement avec un adversaire ordinaire, la centrale syndicale dirigée par Bernard Thibault fait mine de se placer en dehors du jeu social tel qu'il doit s'exercer en république. S'il faut qu'elle s'exprime librement, la démocratie sociale doit toujours, en effet, s'en remettre, au bout du compte, à l'autorité supérieure de la démocratie politique. Il n'est pas certain, cependant, que si grande soit la portée de ce geste déplacé de la CGT.

Après avoir perdu lourdement le combat contre la réforme des retraites, du fait notamment de son obstination à nier jusqu'au bout la lassitude de l'opinion face aux blocages des carburants, Bernard Thibault a vu dans cette rodomontade d'hier l'occasion de donner une revanche à sa fierté abîmée. Cela soignera son image à l'intérieur d'une centrale dont les oppositions internes sont certes trop divisées pour l'inquiéter, mais dont les récents reculs électoraux ont été trop nombreux, dans l'énergie, les transports, à La Poste, pour ne pas préoccuper les troupes. Que sa maladresse ait une motivation interne n'excuse rien. Cela relativise.

Surtout, il ne faudrait pas en conclure que la CGT a basculé dans une opposition plus radicale encore. D'abord parce que, en dénouant alors brutalement les liens patiemment retissés avec la CFDT, elle s'affaiblirait en s'isolant. Ensuite, parce que ce serait faire erreur de perspective que de surestimer, au prisme d'un pseudo-« axe Sarkozy-Thibault », les évolutions réformistes de la CGT. La réalité est que sa pratique de la négociation reste fortement marquée par le refus du compromis avec le pouvoir. En quarante ans, elle n'a signé qu'un accord interprofessionnel, de taille, celui de 2008, car il modifie, au profit des grandes centrales, les règles de représentativité. Il n'y a donc rien de signifiant à la voir rester à la porte de l'Elysée.

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