vendredi 7 janvier 2011
François Mitterrand
« Dans les meetings, j'expliquais que 2 fois 2 égalent parfois 5. Quelquefois, lorsqu'on se trompe, ça peut même faire 3 » : le premier et unique président socialiste de la V e République a plus marqué l'histoire par son habileté à manier les mots que pour sa rigueur envers les chiffres. La famille socialiste se retrouvera demain sur sa tombe à Jarnac pour commémorer dans une belle unanimité les quinze ans de sa mort. Celui qui fut onze fois ministre sous la IV e avant de passer deux septennats à l'Elysée n'en reste pas moins aux yeux de beaucoup le « prince de l'équivoque » que fustigea Raymond Barre : l'ex-militant des Croix-de-feu qui fit carrière à gauche, le fonctionnaire vichyssois devenu le courageux « Morland » de la Résistance, l'ancien élève du collège Saint-Paul d'Angoulême allié avec le Diable communiste pour mieux l'exorciser. Ce fin manoeuvrier a excellé aussi à éliminer ses rivaux. Giscard, Rocard et quelques autres ont subi les coups de dents du grand fauve, dont le polémiste Jean Cau écrivit qu'il s'était fait limer les canines « afin qu'on oublie comment il avait déchiré ses proies ». Homme de culture passionné de livres et d'arbres, le berger de Latché, qui mena longtemps double vie conjugale en cachant à la France l'existence de sa fille Mazarine, avait inauguré son règne par une visite au Panthéon : peut-être la manifestation inconsciente de son souhait d'y entrer un jour définitivement, lui qui déclara qu' « On crée pour l'éternité, même si elle se charge de vous démentir ».
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