vendredi 7 janvier 2011
Le nouvel âge de la télévision
Le tsunami numérique est sur le point de s'abattre sur l'audiovisuel. Après avoir bouleversé l'économie de la musique et de la presse, le mariage de la numérisation et d'Internet va provoquer un raz de marée télévisuel. Le piratage à grande échelle de films et de séries ne fait figure que de simple hors-d'oeuvre car c'est une révolution beaucoup plus profonde des « business models » qui se profile.
L'actuel Salon de l'électronique grand public de Las Vegas l'illustre. L'an dernier, les stars du show étaient les téléviseurs 3D et les nouvelles manettes virtuelles pour consoles de jeux. Des produits certes innovants mais dont le principal objectif reste d'accélérer l'obsolescence des précédentes familles de gadgets, afin de donner un coup de booster à un marché du « brun » trop porté par la simple demande de renouvellement. Cette année, l'innovation change de braquet. A l'abri des casinos, ce sont de nouvelles générations de téléviseurs connectés, de « smartphones » et de tablettes multimédias que les géants dévoilent. Autant de produits qui permettront via « apps » ou programmes de consommer autrement de la télévision. Le pouvoir va ainsi passer progressivement entre les mains des téléspectateurs capables de choisir où et quand ils consomment de l'image digitale. L'univers de la télé qui était un monde de l'offre (les chaînes A et B proposent tel programme à telle heure) devient un monde de la demande dans lequel le consommateur navigue au lieu de se laisser guider.
Les grandes chaînes peuvent se rassurer en notant que l'explosion des supports numériques ne les a guère affectées pour l'instant. En France comme en Amérique, on a même jamais passé autant de temps devant le petit écran et la télé de rattrapage est encore gérée par les chaînes. Mais le rapport de force entre diffuseurs et créateurs pourrait rapidement s'inverser. Les marques des seconds pesant à terme plus que la notoriété des premiers.
Les TF1 et M6 de ce monde qui réalisent une part majeure de leurs bénéfices en commercialisant des publicités entourant des séries américaines pourront être contournés par les studios hollywoodiens. Ces derniers changeront d'intermédiaire pour vendre à l'unité en passant par Apple et son iTunes Store ou ils diffuseront à travers un site géré par Google dont la régie publicitaire génère déjà autant de chiffre d'affaires en France que celle de TF1. Sur plusieurs jours, un programme diffusé par YouTube peut déjà réunir des millions de téléspectateurs, soit autant qu'un prime time. C'est bien un nouvel âge de la télé qui s'annonce.
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