TOUT EST DIT

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vendredi 7 janvier 2011

Coupons les vivres aux journalistes !

C’est la nouvelle mode : pour faire taire les plumitifs trop curieux, l’Elysée leur flanque désormais ses services secrets au derrière. Il y a pourtant mieux à faire.


Bien sûr, il y a les perruques, les lunettes noires et les impers gris muraille. Achetés en gros volume, ça finit par faire un budget. Il y a aussi le salaire des taupes et les stages de plongée en eaux troubles, pas donnés non plus à ce qu’il paraît. Mais ce qui coûte le plus cher dans l’espionnage, voyez-vous, ce sont tous ces bidules dont on n’a pas idée, capteurs polymorphiques, gants de toilette enregistreurs, cravates à lecture optique, sans parler des micros pour plantes vertes et des lunettes qui déshabillent. Rien qu’une camionnette de plombier équipée «ministère de l’Intérieur» va chercher dans les 200 000 euros, les budgétaires de la DCRI (Direction centrale du renseignement) s’en arrachent les fausses barbes.
Certes, on ne peut pas laisser les journalistes raconter n’importe quoi. Woerth par-ci, Bettencourt par-là… A force de vous chercher des poux dans la tête, ces merlans-là seraient capables d’en trouver ! Mais est-il pour autant indispensable de dépenser tant d’argent pour les empêcher de nuire ? Entre les vols organisés d’ordinateurs, la surveillance rapprochée des rédactions et le dépiautage systématique des factures téléphoniques des plumitifs, plusieurs millions d’euros ont été engloutis en à peine quelques semaines par les services secrets. A ce rythme, c’est toute la politique de réduction de la dette qui risque d’être remise en cause. Or, pardon de nous immiscer, mais il existe une solution bien plus rentable pour couper définitivement le sifflet aux scribouillards.
Saluons ici le très inventif Jean-François Copé, pointe de diamant de l’UMP, qui l’a découverte un peu par hasard, avec notre aide, il est vrai. Voici l’affaire : outré que l’ex-haut-commissaire du gouvernement Martin Hirsch ait osé l’accuser de profiter de sa situation pour arrondir ses honoraires d’avocat, Copé, donc, a fait déposer un amendement à l’Assemblée pour supprimer le salaire du fauteur de troubles. Par égard pour les hautes fonctions passées de ce dernier, ce texte n’a pas été adopté, et l’histoire en est restée là.
Mais, nom d’un barbouze, qu’est-ce qui empêcherait le gouvernement de faire la même chose avec les journalistes ? Et de se débrouiller pour que, cette fois, la loi soit vraiment votée ? Cela refroidirait certainement leurs ardeurs, vous pouvez me croire. Evidemment, l’Etat n’a pas le pouvoir d’empêcher les journaux de continuer de payer leurs Rouletabille. En revanche, rien ne l’empêcherait de ponctionner 100% de leurs émoluments, par le biais d’une nouvelle Taxe sur les Plumes et les Micros (TPM). Selon nos calculs, cette niche fiscale à l’envers (à peine moins injuste que celle dont disposent aujourd’hui les cartes de presse) pourrait rapporter plus de 2 milliards d’euros au Trésor public. Allez Sarko, un beau geste…

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