TOUT EST DIT

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vendredi 5 novembre 2010

De la crise au progrès

La réforme des retraites a accouché dans la douleur. Le pays en sort couvert de cicatrices, qui s'ajoutent aux courbatures de la crise. La tendance traditionnelle des Français à la mauvaise humeur, dont ils détenaient déjà la palme européenne, s'en trouve aggravée par deux prises de conscience sévères : la réforme ne permet en l'état que de maintenir le système hors d'eau jusqu'en 2018 au mieux ; structurellement, les faibles croissances à venir ne permettront plus de financer l'Etat providence au niveau atteint en soixante ans. Le pronostic est rude. Après avoir été habitués à obtenir de lui, bon an mal an, toujours plus d'aides, d'allocations, d'assistance ou de statuts protecteurs, ils vont se heurter à une bourse plate. L'ère de la redistribution finie commence. Car non seulement la croissance s'annonce du tiers de celles qui l'ont autorisée, mais la charge des personnes âgées s'appesantit et s'évanouit l'effet placebo des conquêtes nominales alimentées par l'inflation. A l'espoir de gagner succède la peur de perdre.


C'est le moment ou jamais de se rendre compte de ce que l'on perd et de ce qu'on peut y gagner. On perdra en confort, en assistance, en offre d'Etat. En contrepartie, il faudra y gagner en flexibilité, en initiative, en restauration du dynamisme des classes moyennes, en partage plus équitable des efforts et des charges. Et, quant au slogan facile du « faire payer les riches » (ils sont trop peu nombreux), l'Allemagne nous offre l'alternative du « faire payer les autres », qui consiste à facturer à l'étranger le fruit de ses exportations. L'histoire, elle, nous enseigne que la « bourgeoisie » industrielle - tant décriée -a été le fer de lance de nos succès économiques de jadis. Or les Français ont souvent cédé à ses défauts (conformisme, pharisaïsme, envie) sans adopter ses vertus (esprit d'entreprise, goût du travail, réalisme, investissement de l'épargne)… Achevons donc de nous embourgeoiser. Ce peut être un facteur de progrès.

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