Au lendemain d'une défaite sévère des démocrates au Congrès, la banque centrale américaine a engagé les Etats-Unis dans une voie risquée, aussi bien sur le plan économique que politique.
Saluée par une hausse des marchés boursiers et une nouvelle baisse du dollar, la décision de la Réserve fédérale de racheter pour 600 milliards de dollars de dette publique comporte d'abord, qu'on le veuille ou non, un message politique. Avec une Chambre des représentants désormais aux mains des républicains, l'administration Obama n'a plus guère de chances de faire adopter de nouvelles mesures de relance. La Fed a donc décidé de s'en charger avec ses moyens, c'est-à-dire en faisant tourner la planche à billets. Face à un Congrès que les électeurs américains ont voulu plus républicain, face à une opinion qui doute des mérites des dépenses publiques pour faire repartir la machine, la banque centrale accélère dans la voie du laxisme monétaire et encourage de facto l'Etat fédéral à maintenir un très haut niveau de déficit public. On notera en effet que les achats mensuels d'obligations du Trésor programmés par la Réserve fédérale - plus de 100 milliards de dollars -s'élèvent à peu de chose près au montant des émissions de dette prévues par l'Etat américain ! La caution que l'administration Obama ne trouvera plus au Congrès, elle la trouve désormais auprès de la banque centrale.
Cette politique de fuite en avant comporte à l'évidence des risques importants. Rien ne prouve d'abord que la stratégie de stimulation monétaire aura un réel impact sur l'économie. Si l'intervention de la banque centrale était justifiée en tant que prêteuse de dernier ressort au plus fort de la crise financière de 2008, sa politique actuelle consistant à imprimer de très grandes quantités de billets verts est beaucoup plus controversée.
Elle a déjà eu pour effet de faire chuter le dollar de près de 10 % par rapport aux devises des grands partenaires commerciaux des Etats-Unis, ce qui revient à exporter les problèmes tout en pesant sur le pouvoir d'achat des Américains à travers le renchérissement des produits de consommation importés.
Mais cette politique anti-déflation risque aussi de déboucher sur une bulle monétaire difficilement contrôlable. Or, si la Fed parvient à créer de l'inflation, les quelque 2.100 milliards de dollars d'actifs qu'elle a accumulés à son bilan perdront de la valeur. Le réveil pour le contribuable américain - inflation d'un côté, pertes de la Fed de l'autre -pourrait alors être fort douloureux.
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