TOUT EST DIT

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vendredi 5 novembre 2010

La CGT sans issue de secours

C'est l'énergie du désespoir qui anime désormais la CGT. Le forcing opéré par la centrale de Bernard Thibault pour arracher aux autres confédérations une nouvelle mobilisation sur les retraites, au risque de provoquer, comme hier, de nouveaux débordements, en dit long sur le désarroi d'un syndicat qui cherche l'issue de secours d'un conflit dont il ne sait pas bien comment s'extraire. Maintenant que la cause est entendue, la tentation de poursuivre le combat au-delà de la journée prévue ce samedi illustre le double jeu d'une CGT passée maître dans l'art de manier d'une main l'arme du durcissement, de l'autre celle de l'apaisement. Enjambant cette contradiction, Bernard Thibault a pu tenir longtemps ce grand écart car il arrangeait des deux côtés. Un sommet de l'Etat soulagé qu'il ne soutînt pas le blocage des dépôts de carburant. Une base militante encouragée qu'il ne les condamnât pas. Hier encore un atout, car elle lui assurait une position centrale, cette ambiguïté est devenue un handicap. La CGT se demande sur quel pied se rétablir. Quel retournement de situation pour un syndicat que l'on présumait avoir la faveur de l'Elysée…

La position de la CFDT apparaît autrement plus confortable. Ayant soigneusement cultivé son image d'interlocuteur ignoré du chef de l'Etat, méprisé par son conseiller Raymond Soubie, blanchi de toute suspicion de trahison syndicale par son adhésion indéfectible à l'unité d'action avec la CGT, François Chérèque a redonné à son syndicat la virginité sociale entachée par son soutien à la réforme de 2003. Sa formation semble, d'ailleurs, profiter, depuis la rentrée, d'une bonne vague d'adhésions. Pour le secrétaire général de la CFDT, une stratégie d'atterrissage en douceur est d'autant plus facile à justifier auprès des troupes que, à défaut de quitter le conflit la tête haute, elle n'en sort pas les mains vides. Contrairement à ce que veut faire croire la martyrologie cédétiste, c'est bien vers elle, et non vers la CGT, qu'ont été dirigées les trois concessions substantielles apportées au projet de réforme : la reconnaissance de droits spécifiques pour les salariés usés par leur métier, la possibilité pour les mères de famille de continuer à partir dès 65 ans, la programmation d'un rendez-vous consacré au passage vers un système de retraite par points.

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