TOUT EST DIT

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vendredi 5 novembre 2010

Quand Nicolas Sarkozy était la cible du Web chinois

En avril 2008, après les manifestations qui ont accompagné le relais de la torche olympique à Paris, la machine de propagande chinoise cloue au pilori Nicolas Sarkozy et la France. Le président a conditionné sa venue aux Jeux olympiques à un dialogue du gouvernement chinois avec le dalaï-lama, une prise de position présentée en Chine comme un soutien direct aux "activités séparatistes" du chef spirituel tibétain en exil, honni par Pékin.






L'attitude des Français est décrite comme un "sabotage" des Jeux olympiques, que Pékin doit accueillir quatre mois plus tard. Aucun des arguments mis en avant par la France, qui dénonce, comme le reste du monde, la fermeture totale du Tibet à la presse étrangère, et la diabolisation systématique par les autorités chinoises, du Dalai Lama, ne sont rapportés par la presse chinoise, qui reçoit l'ordre, sur ce dossier, de ne reproduire que les dépêches de l'agence Xinhua.
L'intérêt qu'avait suscité en Chine l‘élection l'année précédente de Nicolas Sarkozy, la fascination qu'exerce sur le public chinois le personnage, miroir inversé des dirigeants chinois, avec ses emportements et ses affaires de cœur ; le succès, enfin, de son voyage officiel en Chine la même année, ont accru la "déception" ressentie par Pékin. Le président français est la bête noire des Chinois.
LARGE MOBILISATION
L'Internet chinois, qui est souvent le théâtre de débats contradictoires, se mobilise largement dans le sens de la presse officielle, tant la question du Tibet ne souffre pas discussion : les Chinois n'ont vu qu'une seule chose des débordements du 14 mars à Lhassa, les manifestants tibétains qui s'en prennent aux commerçants chinois, dont plusieurs perdront la vie.
En réalité, les troubles se généralisent à travers les zones tibétaines frontalières du Tibet (plus de 150 manifestations au total, la plupart pacifiques), signe d'un malaise bien plus profond et complexe dans la société tibétaine, dont aucun média chinois ne rend alors le moindre compte.
A Paris, lors du passage de la torche olympique, l'opinion publique chinoise est indignée par les images de l'athlète chinoise handicapée Jin Jing, "agressée" par des manifestants au moment où elle prend sa place dans le relais, une scène qui fait parfaitement écho aux événements du Tibet tels qu'ils ont été montrés par la télévision chinoise. C'est sur Internet que se diffusent, partout en Chine, les images de Jin Jing. La presse chinoise se saisit à son tour de l'affaire et Jin Jing devient une "martyre".
C'est encore sur la Toile que naît, en réaction à "l'humiliation" de la jeune femme, l'idée d'un boycott des produits français et de Carrefour. Les manifestants s'organisent via les sites de messagerie et par SMS. La question du boycott finit toutefois par susciter des débats, et certains, comme le blogueur Han Han, dénoncent alors  le manque de discernement de la faction la plus chauvine des "feng qing", les jeunes en colère.
APAISER LE COURROUX DE PÉKIN
Craignant des débordements, les autorités chinoises sifflent la fin de la récréation. De son côté, la France fait tout pour tenter d'apaiser le courroux de Pékin. Les informations sur la querelle franco-chinoise se tarissent dans les médias officiels.
Ce qui conduit à une drôle de situation : "On a vu tout à coup les feng qing prendre le dessus dans la diffusion de l'information sur la France. Les réseaux d'étudiants chinois à l'étranger, qui se sont activés depuis le passage de la troche, comblent le vide. Ce sont eux qui traduisent tout ce qui se dit sur la Chine en France et que l'Internet chinois répand à tout va. Chaque pique, chaque critique de la Chine par les Français, est traduite directement, sans aucun filtre médiatique, ce qui a pour effet d'attiser encore les passions" se souvient Renaud de Spens, spécialiste de l'Internet et des médias chinois, à l'époque attaché de presse à l'ambassade de France à Pékin.
C'est de cette période, au plus fort de la brouille franco-chinoise, que Nicolas Sarkozy fait l'objet sur le Web de caricatures. Le président français, moqué en France pour l'impression qu'il donne de céder face à la Chine, va personnifier jusqu'au bout, aux yeux des Chinois, la "traîtrise" de la France, autrefois amie loyale….

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