Se donnant la posture d'un ambassadeur de l'Occident, Nicolas Sarkozy espère probablement satisfaire la vanité des dirigeants chinois à qui il offre les lambris de l'Élysée. Après des siècles de mépris ou de négligence, pourquoi pas ? La Chine est redevenue un grand pays, il n'est que justice de le reconnaître. Pour autant, les échanges de vanités ne suffisent pas à nourrir une négociation.
Il vaut mieux s'appuyer sur les réalités pour parler à nos partenaires chinois, d'autant qu'elles ne sont pas si différentes qu'on ne le croit souvent. La Chine a beaucoup progressé ? Certes, et tant mieux pour tout le monde, mais les risques croissent en proportion : ses dirigeants le savent bien, à l'heure où ils peinent à mettre en place une économie de consommation.
Nous sommes une démocratie influente en Occident ? Certes, mais moins qu'avant et moins encore chaque fois que notre société manifeste publiquement ses divisions. La Chine pèse plus qu'autrefois en Asie ? Sans doute, mais, finalement, à cause des inimitiés qu'elle y rencontre, pas plus, à tout prendre, que la France en Europe.
Une fois évacuée la vanité et rappelée la réalité, la vraie question est ce que mettent sur la table les deux partenaires. De ce point de vue, l'asymétrie est malheureusement évidente. Les Chinois ne cachent pas ce qu'ils veulent : affaiblir les économies occidentales et ignorer l'Europe, de façon à faciliter leur « émergence pacifique », c'est-à-dire leur montée en puissance.
C'est un objectif logique. Ce qui l'est moins, c'est que l'on sache si peu ce que veulent la France et l'Europe, au-delà de la paix et de la coopération. Et ce que veut le futur président français du G20 pour la communauté des nations développées. Habileté ? Prudence ? Sans doute.
Pourtant, la volonté politique devra finalement se faire jour. Les dirigeants chinois ont un objectif qui consiste à éliminer les obstacles sur leur chemin, en refusant toutes concessions, par exemple sur la valeur de leur monnaie et plus généralement sur leur comportement prédateur.
Il faudra pourtant oser leur déclarer poliment mais fortement ceci : votre chemin ne prendra sens et durée que dans un monde régulé où les libertés s'équilibrent et se respectent. Car un monde sans droit n'ouvre que sur le désordre politique et la guerre économique.
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