TOUT EST DIT

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vendredi 5 novembre 2010

Vers une fin du dollar américain ?

Hu Jintao est arrivé ce jeudi en France pour une visite très attendue, alors que se déroule une "guerre des monnaies" entre la Chine et les Etats-Unis. Un débat que le président chinois et Nicolas Sarkozy s'apprêtent à aborder. Peut-on s'attendre à un renversement du dollar comme monnaie de réserve ?

Alors que le président de Chine Hu Jintao est arrivé ce jeudi en France pour une visite en grande pompe de trois jours, le problème de la gestion des monnaies doit constituer la toile de fond des discussions diplomatiques. Car la Chine, désormais deuxième puissance économique, estime avoir son mot à dire sur la question, au risque de mettre un terme à l'hégémonie du dollar américain sur les échanges. Et si c'était le début de la fin pour le dollar ?
L'enjeu est de taille pour le chef d'Etat français qui doit accéder à la présidence du G20 dont le prochain sommet doit se tenir le 12 novembre à Séoul, où la question des changes devra être abordée avec la complicité du Fonds monétaire international. Car selon Nicolas Sarkozy, la croissance mondiale est menacée par l'instabilité des changes. Une instabilité exacerbée par la guerre des monnaies que se livrent la Chine et les Etats-Unis. « Les Etats-Unis et la Chine se font une guerre des monnaies, a déclaré mercredi le président brésilien Lula. Les Etats-Unis parce qu'ils veulent résoudre leur problème de déficit budgétaire et la Chine parce qu'elle sait qu'elle ne peut pas continuer à avoir sa monnaie dévaluée comme elle l'est ».

Trop dépendant du dollar ?

L'objectif pour Nicolas Sarkozy est donc de préparer le terrain avec le numéro un chinois à l'approche du G20, en évitant de limiter la question des changes à celle du yuan et en évoquant le rôle hégémonique du dollar sur les marchés de capitaux des pays émergents. Mais pour éviter de froisser son nouvel allié chinois, le président français a choisi la conciliation plutôt que la « confrontation ». « La Chine ne doit pas être vécue comme un risque mais comme une opportunité », a-t-il déclaré. « Ce n'est pas en reprochant aux gens des choses qu'on fait avancer les dossiers, c'est en essayant de les comprendre ».
Les Chinois jugent, à l'instar des Français, que le système actuel est trop dépendant du dollar, en tant que première monnaie de réserve pour les banques. La Chine veut rester maître de sa politique monétaire et refuse toujours de reconnaître la sous-évaluation du yuan, qui a pourtant permis au pays de gonfler outrageusement ses exportations. Plus encore, le 23 mars 2009, le gouverneur de la Banque de Chine, Zhou Xiachan, a proposé de faire des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international une monnaie de réserve « déconnectée des nations individuelles ».
Une idée reprise par la France. Celle-ci pousserait en effet pour introduire le yuan dans le panier de monnaies sur lequel repose la valeur des DTS, ce qui serait un pas de plus vers une internationalisation de la monnaie chinoise au détriment du dollar. Jusqu'à présent, les Etats-Unis ont adopté une attitude revancharde en menaçant la Chine de sanctions commerciales. Mais aucun des partenaires commerciaux de la gouvernance mondiale parmi les Français, les Chinois et les Américains ne veut véritablement d'une guerre monétaire ouverte, dont personne ne sortirait vainqueur.
C'est pourtant le risque. Car si les Chinois décidaient de sortir du dollar, l'impact sur les taux de change serait énorme. Une situation qui préfigurerait la fin d'une hégémonie.

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