Le temps passe vite à la Maison-Blanche. Le quadragénaire brisant les tabous raciaux et offrant au monde un nouveau visage de l’Amérique a aujourd’hui des cheveux blancs. Depuis deux ans, après sa victoire à l’élection présidentielle, Barack Obama a dû gérer au quotidien la plus grave crise économique traversée par son pays depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a ferraillé longuement pour faire adopter une réforme du système de santé généreuse mais mal comprise. Il a enduré l’usure de la guerre en Afghanistan. L’exercice quotidien du pouvoir a fini par enrayer le discours mobilisateur qui l’avait conduit au triomphe. Mardi, une forte partie de l’électorat s’est clairement prononcée contre lui, mettant son espoir dans l’initiative privée plus que dans l’intervention étatique pour relancer l’économie et briser le chômage qui s’installe durablement.
Le temps passe vite à Washington et les parlementaires élus avant-hier savent que le nouveau rapport de force au Congrès pourrait être modifié lors du prochain scrutin, dans deux ans. Le Parti républicain domine, certes, la Chambre des représentants. Mais le Parti démocrate conserve le Sénat et son champion est toujours à la Maison-Blanche. Cette situation peut conduire aux surenchères stériles ou à la recherche de fructueux compromis. Barack Obama, hier soir, se devait de tendre la main à ses adversaires. Mais ceux-ci ont le sentiment que leur opposition résolue durant la précédente législature les a bien servis. Il leur sera difficile de coopérer.
Le scénario d’un statu quo paralysant ne serait pas une bonne nouvelle pour le pays, ni pour le monde. Les États-Unis sont confrontés à des problèmes économiques et sociaux tels qu’ils nécessitent des évolutions majeures, à mener dans la durée : le rééquilibrage des échanges avec la Chine, la réduction de la dette publique, la lutte contre les inégalités… Au-delà, la mise en place d’une gouvernance économique mondiale dépend elle aussi fortement des stratégies définies outre-Atlantique. Il ne faudrait pas que, faute d’accord à Washington, le temps paraisse trop long durant les deux prochaines années.
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