TOUT EST DIT

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lundi 25 octobre 2010

A la raffinerie de Grandpuits, les grévistes s'interrogent sur la suite du mouvement

Devant les grilles de la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne, ils sont une quarantaine à se relayer au piquet de grève, lundi 25 octobre. Les salariés ont maintenant leurs habitudes : les drapeaux et banderoles sont déployés, la musique motive les troupes et un feu de bois apporte un peu de chaleur tandis que le barbecue se prépare. Mais l'heure est davantage à l'attente qu'à l'action.

Depuis l'évacuation houleuse des grévistes par les gendarmes vendredi, qui s'est soldée par trois blessés, selon la CGT, et la réquisition du site, les grévistes cherchent en effet à apaiser la situation. "La charge des forces de l'ordre a choqué de nombreux salariés, témoigne Cédric Franco, délégué CGT du site. On ne veut pas se faire matraquer comme des casseurs ou des voyous. Nous voulons juste nous faire entendre et avoir le droit de nous opposer à une réforme que nous estimons injuste."
CINQ RÉQUISITIONS

Depuis le 12 octobre, date à laquelle la raffinerie de Grandpuits est entrée en grève, le site a déjà été réquisitionné cinq fois. Le dernier arrêté préfectoral date de lundi et court jusqu'à mardi soir. Il enjoint treize salariés, chargés de la sécurité du site et de l'expédition du carburant, de vider les stocks du dépôt dans le but d'alimenter les stations-service d'Ile-de-France. Car si Grandpuits est la plus petite des six raffineries de Total, avec 430 salariés et 4,8 millions de tonnes de pétrole distillées chaque année, elle constitue un site stratégique, alimentant 70 % du bassin parisien.
L'arrêt de la raffinerie "entraîne des difficultés d'approvisionnement en carburant des points de distribution de la région Ile-de-France et en Seine-et-Marne", explique le précédent arrêté préfectoral, émis vendredi et renouvelé lundi. "La continuation de la grève est de nature à entraîner des troubles graves à l'ordre public comme des pénuries ou des émeutes", ajoute le texte. De son côté, l'intersyndicale CGT-CFDT dénonce un "droit de grève des salariés bafoué". Depuis vendredi, elle a lancé une procédure en référé pour faire annuler ces réquisitions et attend la décision du tribunal administratif de Melun dans la journée. D'ici là, les grévistes réfléchissent à la suite à donner au mouvement.
"NE PAS METTRE LA FRANCE À GENOUX"
"Je ne vois encore pas la fin du conflit, assure Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe Total et secrétaire général du syndicat chargé de la branche pétrole. On se concertera avec les salariés, après le vote définitif de la réforme, puis la journée de mobilisation de jeudi. On sait que les raffineries pèsent beaucoup dans ce mouvement, mais on ne veut pas être les seuls à agir en France." "On ne se considère pas comme le fer de lance de la contestation", ajoute le délégué, pour lequel les salariés se sont "seulement défendus, en formant une chaîne humaine, contre l'attitude lamentable du gouvernement vendredi".
Pour Mohamed Touis, délégué CFDT du site, les grévistes devraient prendre une décision vendredi. Deux options s'offrent à eux : "Nous choisirons soit de poursuivre la mobilisation lors des quinze jours restants avant que la loi soit promulguée, soit de stopper le mouvement pour ne pas mettre la France à genoux." Car si les salariés de Grandpuits disent avoir durci leurs actions "contraints" par le gouvernement, ils ne s'estiment pas moins "inquiets" par la situation économique du pays. "Le gouvernement a puisé à outrance dans les stocks stratégiques pour réapprovisionner de nombreuses stations-service au lieu de répondre seulement aux situations d'urgence, regrette le délégué syndical. La situation est donc délicate car même si nous redémarrons d'ici à quelques jours les raffineries, il faudra entre deux et quatre semaines pour qu'elles fonctionnent normalement."
A Grandpuits, les syndicats estiment les réserves à moins de quatre jours, soit des stocks très insuffisants pour répondre aux besoins des industries et des particuliers de la région.
Audrey Garric

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