TOUT EST DIT

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lundi 25 octobre 2010

Retraites :
les leçons d'une crise



La crise des retraites n'est peut-être pas terminée. Mais nous pouvons déjà en tirer quelques leçons. La première n'est pas une surprise : tout le monde savait qu'une réforme des retraites provoquerait une crise sociale majeure. C'est pourquoi la gauche ne s'y est pas risquée quand elle est revenue au pouvoir avec Lionel Jospin. Et que la droite ne s'y est engagée qu'avec prudence (mais non sans vives réactions) sous Balladur, Juppé et Raffarin-Fillon.


Avec la remise en cause de la retraite à 60 ans, on ne pouvait que provoquer une réaction sociale plus forte que les précédentes. La retraite à 60 ans a été la réforme sociale emblématique de la gauche au pouvoir. L'équivalent, sous le règne de François Mitterrand, de ce qu'avaient été les congés payés et la semaine de 40 heures sous le Front populaire en 1936.


Mais la politique n'explique pas tout. La retraite à 60 ans est aussi l'emblème d'une société dans laquelle on vit plus longtemps avec un découpage de l'existence individuelle en quatre périodes et non plus en trois : la jeunesse et la formation de 0 à 20 ans, un premier âge adulte consacré au travail de 20 à 60 ans, un deuxième âge adulte, tourné vers le loisir et l'épanouissement personnel et familial, entre 60 et 75 ans ; enfin la vieillesse, après 75 ans.


Une dévalorisation du travail


C'est donc un bouleversement de l'image qu'ils se font de leur propre existence, que beaucoup de Français ressentent à cette occasion. Certes, on dira qu'en repoussant l'âge normal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, on ne fait que corriger ce découpage sans le bouleverser. Certes. Mais l'opinion y voit l'amorce d'un processus qui n'est pas à son terme. C'est d'ailleurs exact. La réforme actuelle n'équilibre le système que jusqu'en 2018, et encore n'en est-on pas totalement sûr. Il faudra, plus tard, aller au-delà, comme le prévoient d'ailleurs tous nos voisins. Jusque vers 65, peut-être 70 ans, selon le rythme du vieillissement et celui de la croissance économique.


Puisque tous les Européens sont dans le même bain, pourquoi les Français donnent-ils l'impression d'être plus perturbés que les autres peuples ? C'est ici une autre leçon de cette crise. Peut-être faut-il voir dans l'exaltation de l'âge de la retraite, le reflet d'une dégradation de l'image du travail, singulièrement de celle du travail manuel.


L'activité professionnelle n'est plus vécue, par la majorité de la population, comme une période d'épanouissement personnel, d'enrichissement social et matériel (en France, le niveau de vie d'un retraité se situe, en moyenne, légèrement au-dessus de celui du reste de la population). La réforme des retraites devrait donc s'accompagner d'une revalorisation - pas seulement matérielle mais aussi morale - du travail.


C'est d'ailleurs indispensable dans la nouvelle société dans laquelle nous entrons. Demain, nous ne travaillerons plus toute la vie dans la même entreprise, ni dans le même métier. Nous devrons combiner le travail avec une formation tout au long de la vie. De même, nous devrons associer la retraite avec du travail à temps partiel. Ce n'est pas seulement la retraite qui change. C'est toute la vie.

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