Nos sociétés européennes sont traversées par deux vagues de fond. La première est la prise de conscience d'un basculement du centre de gravité mondial vers la Chine et les autres grandes nations émergentes. La seconde est le sentiment que l'immigration bouleverse nos communautés nationales. Que la vague soit économique, sociale ou culturelle, dans tous les cas, c'est une menace.
L'extrême droite leur oppose une réponse simple : un repli sécuritaire sur le legs historique et géographique de la nation. De nombreux exemples récents illustrent la force de ce courant. En Hongrie, un Premier ministre populiste évoque la belle époque d'avant les traités qui ont conclu la Première Guerre mondiale et où la nation magyare s'étendait bien au-delà de ses frontières actuelles. En Autriche, l'extrême droite vient d'obtenir des résultats remarquables aux élections municipales, notamment à Vienne, qui lui font espérer d'accéder au pouvoir lors du prochain scrutin législatif. Aux Pays-Bas, le gouvernement conservateur minoritaire ne doit sa survie qu'au soutien d'une extrême droite très agressive à l'égard de la communauté musulmane. En Suède même, un nouveau parti xénophobe vient de faire son entrée dans de nombreuses municipalités. Et l'on n'oublie pas des événements un peu plus anciens tels que l'affaire des minarets en Suisse, la montée de la Ligue du Nord en Italie ou encore le poids de l'extrême droite dans le courant séparatiste flamand.
Et en France ? Marine Le Pen est en train de gagner la bataille de succession de son père à la tête du Front national. Elle est jeune, souriante et a du temps devant elle. Forte de sondages flatteurs, elle a déjà annoncé qu'elle ne cédera pas aux sirènes venues de la droite parlementaire pour faire barrage à la gauche en 2012. Elle préférera attendre que la prosopopée nationale fasse tomber la République comme un fruit pourri par le « mondialisme ». Tous ces signaux montrent combien l'abandon du projet européen par la gauche et par la droite républicaine laisse la voie libre en France et partout en Europe à un repli dangereux pour la démocratie.
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