C'est une raison suffisante pour mettre quelques atouts de son côté. Comme, par exemple, prendre son temps en cas de réforme risquée, voir ailleurs ce qui se fait, entrer dans une vraie négociation ne pas déclarer imprudemment que les grèves, « on ne les voit plus », au risque d'inciter certains à s'appliquer pour qu'on les voie bien ne pas s'accrocher à « des symboles d'injustice » ( dixit François Baroin) comme le bouclier fiscal, quand on sait que chacun devra faire, et longtemps, beaucoup d'efforts.
Mais voilà, Nicolas Sarkozy ne veut pas réussir, il veut gagner. Il lui faut donc une compétition, des adversaires, un temps de jeu, avant une autre compétition, d'autres adversaires, un autre temps de jeu. Nous vivons en ce moment la séquence « bataille pour la réforme des retraites ». Ses adversaires sont la gauche et les syndicats, et il lui faut gagner avant la mi-novembre. Ensuite, il ouvrira d'au-tres réformes, avant la reine des batailles qui désignera le prochain président de la République.
Il avait dit que l'année 2011 serait exempte de réformes, et qu'il ferait de la politique, en vue de la présidentielle. Il a changé d'avis, contraint par sa propre logique. Ayant choisi une présidence combative, voire guerrière, il a préféré le clivage au rassemblement. Coupé d'emblée de la gauche la plus radicale, il s'est ensuite aliéné une gauche plus réformiste, avant de troubler le centre. Il n'a donc plus d'autre choix que de se lancer dans de nouvelles conquêtes, sabre au clair, pour rassembler les forces les plus à droite.
Pourtant, cette réforme des retraites est nécessaire. Travailler plus longtemps, pour la plupart des salariés, sera indispensable, que l'on repousse l'âge légal de départ ou la durée de cotisation, ou les deux à la fois.
Mais pas sans négocier. La discussion est d'autant plus nécessaire que le sujet est complexe, et d'autant plus souhaitable que l'effort exigé est douloureux.
Cette remise à plat du système, cette recherche d'une réforme ambitieuse pour le long terme, cette négociation véritable, auront bien lieu. Mais en 2013.
C'est un amendement voulu par le Sénat, et accepté par le gouvernement, qui le dit.
À quoi auront servi ces journées de grèves, ces défilés, ces blocages, cette gêne, ces conséquences négatives sur la croissance, cette crispation sociale, cette amertume - et chez les manifestants, et chez ceux qui sont opposés aux manifestations ? À rien. En 2013, on recommencera tout !
C'est à pleurer, ou à rire, au choix.
La discussion est d'autant plus nécessaire que le sujet est complexe, et d'autant plus souhaitable que l'effort exigé est douloureux.
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