C'est une étape déterminante qui sera franchie cette semaine avec l'adoption définitive par les deux Assemblées du projet de loi réformant les retraites. Mais est-ce que cela sera le dernier round de la bataille qui a commencé ? Nicolas Sarkozy l'espère. Les syndicats hésitent sur la marche à suivre et se divisent presque ouvertement sur les blocages. L'opinion, elle, commence à se résigner. C'est donc désormais le plus probable. Un point est cependant acquis : tant que les difficultés d'approvisionnement en carburant persisteront - les raffineries sont à l'arrêt -, que les rangs des manifestations resteront fournis et que des actes de violence seront perpétrés, le gouvernement ne pourra pas crier victoire.
Quand celle-ci sera constatée, elle aura de toute évidence un goût d'amertume. Ce conflit aura montré, une fois de plus, un pays incapable de discuter sereinement. Pourquoi ? Parce que le coeur du sujet, les retraites, a été depuis le début parasité par des éléments extérieurs plus ou moins explicites. Pêle-mêle : la préparation de la bataille de 2012 ; l'inquiétude sur l'avenir des raffineries ; l'impopularité du président de la République ; le télescopage avec l'affaire Bettencourt ; le désir ardent de François Chérèque de ne pas perdre d'adhérents comme en 2003 ; le sentiment diffus que la fin des 60 ans est le fruit caché de la « désoccidentalisation » du monde, ce mot si parlant d'Hakim El Karoui dans un livre récent. Autant de clefs qui expliquent la fièvre de cet automne.
D'autres voies étaient possibles, entend-on beaucoup. Une grande négociation ? Celle-ci n'avait en réalité aucune chance d'aboutir. Certes, la CFDT accepte l'allongement de la durée de cotisation. Mais, outre que cette dernière n'aurait pas d'effet financier réel avant 2030, le syndicat réformiste n'a jamais envisagé d'approuver une réforme qui serait rejetée par la CGT. Or, cette dernière a comme objectif, depuis son dernier congrès, d' « arrêter la spirale de l'allongement de la durée de cotisation que prévoit la loi Fillon »... Une directive d'ailleurs appliquée à la lettre dans les raffineries, où la revendication officielle de la CGT est le retour aux 37,5 années de cotisation ! Des hausses de prélèvement ? Il en faudra pour la dépendance et, selon toute vraisemblance, un jour ou l'autre pour financer l'assurance-maladie.
Nous sommes donc à un tournant. Le dernier sans doute avant le verdict qui sera apporté, sur le fond et la forme, par les urnes en 2012. Poursuivre la mobilisation au-delà du vote du Parlement ferait basculer le conflit dans l'inconnu. Qui peut le souhaiter ?
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